uissances de bonne heure.
Nous n'avons plus que Lambert et sa femme, qui est tres gentille et
excellente personne; mais ils partent ces jours-ci. Ils t'envoient mille
amities. Maurice a passe son jour de l'an dans son lit. Ce n'est rien
heureusement, qu'une fievre de courbature. Lui et sa femme, qui est
toujours tres charmante et mignonne, me chargent de t'embrasser.
Merci a Bertholdi pour ses echantillons mineralogiques, qui sont tres
beaux. Embrasse-le pour moi, ainsi que Jeannette, et Georget, quand tu
le verras.
G. SAND
Pauvre Pologne! c'est navrant, c'est un deuil pour tous les coeurs.
DXLIII
A M. AUGUSTE VACQUERIE, A PARIS
Nohant, 4 janvier 1864
Je ne vous ai pas remercie du plaisir que m'a cause _Jean Baudry_.
J'esperais le voir jouer. Mais, mon voyage a Paris etant retarde, je
me suis decidee a le lire, non sans un peu de crainte, je l'avoue. Les
pieces qui reussissent perdent tant a la lecture, la plupart du temps!
Eh bien, j'ai eu une charmante surprise. Votre piece est de celles qu'on
peut lire avec attendrissement et avec satisfaction vraie.
Le sujet est neuf, hardi et beau. Je trouve un seul reproche a faire a
la maniere dont vous l'avez deroule et denoue: c'est que la brave et
bonne Andree ne se mette pas tout a coup a aimer Jean a la fin, et
qu'elle ne reponde pas a son dernier mot: "Oui, ramenez-le, car je
ne l'aime plus, et votre femme l'adoptera!" ou bien: "Guerissez-le,
corrigez-le, et revenez sans lui."
Vous avez voulu que le sacrifice fut complet de la part de Jean.
Il l'etait, ce me semble, sans ce dernier chatiment de partir sans
recompense.
Vous me direz: La femme n'est pas capable de ces choses-la. Moi, je dis:
Pourquoi pas? Et je ne recule pas devant les bonnes grosses moralites:
un sentiment sublime est toujours fecond. Jean est sublime; voila que
cette petite Andree, qui ne l'aimait que d'amitie, se met a l'aimer
d'enthousiasme, parce que le sublime a fait vibrer en elle une force
inconnue. Vous voulez remuer cette fibre dans le public, pourquoi ne pas
lui montrer l'operation magnetique et divine sur la scene? Ce serait
plus contagieux encore; on ne s'en irait pas en se disant: "La vertu ne
sert qu'a vous rendre malheureux."
Voila ma critique. Elle est du domaine de la philosophie et n'ote rien
a la sympathie et aux compliments de coeur de l'artiste. Vous avez fait
agir et parler un homme sublime. C'est une grande et bonne chose p
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