oprietaires un droit de dix livres sterling par tete de
negre introduite dans les colonies. L'Angleterre tirait enfin des
profits plus considerables encore du monopole qu'elle s'etait reserve
d'approvisionner les colonies de tous les objets manufactures.
Les Americains supportaient sans se plaindre, sans y songer meme, ces
lourdes charges. La fertilite de leur sol et le prodigieux essor de
leur commerce leur permettaient de racheter ainsi, au profit de la
mere patrie, les libertes et les privileges dont ils etaient jaloux
et fiers. Mais l'avidite de l'Angleterre, jointe a une aveugle
obstination, vint brusquement tarir cette abondante source de
revenus[30].
[Note 30: Edward Shippen, juge a Lancaster, ecrit au colonel Burd,
sous la date du 28 juin 1774: "Les negociants anglais nous regardent
comme leurs esclaves, n'ayant pas plus de consideration pour nous
que n'en ont pour leurs negres, sur leurs plantations des iles
occidentales, les _soixante-dix riches creoles_ qui se sont achete
des sieges au Parlement. "Il est de notre devoir de travailler pour
eux,--les negociants,--et, tandis que nous, leurs serviteurs, blancs
et noirs, leur envoyons de l'or et de l'argent, et que les creoles
leur envoient des alcools, du sucre et des melasses, etc., tant que
nous fournissons, dis-je, les douceurs a ces gens, de facon a ce
qu'ils s'amusent et se prelassent en voiture, ils sont satisfaits."]
Deja, sous Cromwell, la suppression de la liberte commerciale et
l'etablissement d'un monopole pour le commerce anglais avaient excite
des mecontentements. Les lois restrictives du Protecteur ne furent
meme jamais bien observees, et l'Etat de Massachusets osa repondre aux
ministres de Charles II: "Le roi peut etendre nos libertes, mais non
les restreindre [31]." A l'epoque ou se termina la guerre de Sept-Ans,
l'Angleterre, qui en avait tire politiquement de grands avantages, vit
sa dette considerablement accrue: elle etait d'environ deux milliards
et demi et exigeait un interet annuel considerable. Pour faire face a
une situation aussi critique, sous le ministere de George Grenville,
le Parlement se crut en droit de prendre une mesure que Walpole
avait repoussee en 1739. Il etablit pour les colonies, et sans les
consulter, un impot qui forcait les Americains a employer dans tous
les actes un papier vendu fort cher a Londres (1765).
[Note 31: En 1638, cet Etat avait deja l'imprimerie, un college de
hautes etudes, des ecoles primaires pa
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