s ne voulons pas entreprendre de rappeler les hauts faits
de ce grand homme dont la memoire est chere a tout coeur americain.
Outre qu'une pareille tache est tout a fait en dehors du cadre que
nous nous sommes propose de remplir, nous reconnaissons trop bien le
talent et le coeur avec lesquels plusieurs illustres ecrivains s'en
sont acquittes avant nous, pour que nous ayons la pretention de
traiter ce sujet. Washington est d'ailleurs un de ces heros dont la
gloire, loin de s'effacer, grandit a mesure que les annees s'ecoulent.
Plus l'esprit humain progresse et plus on se plait a reconnaitre
la noblesse de son caractere et l'elevation de ses idees. Dans les
societes modernes, ou le droit tend chaque jour a l'emporter sur la
force, ou l'amour de l'humanite a plus de partisans que l'esprit de
domination, les grands conquerants tels que ceux dont l'histoire
conserve les noms et exalte les exploits, loin d'etre mis au rang des
dieux, comme dans l'antiquite, seraient consideres comme de veritables
fleaux. Les peuples, de jour en jour plus soucieux de se donner
une organisation sociale basee sur la justice et la liberte que de
satisfaire la sterile et sauvage ambition de subjuguer leurs voisins,
ne veulent plus laisser a quelques hommes privilegies le soin
d'accomplir les desseins de la Providence en bouleversant les empires
pour changer la face du monde. Or, Washington fut encore plus grand
citoyen qu'habile general. Ses victoires auraient suffi pour perpetuer
son souvenir. Sa conduite comme homme politique et comme homme prive
le fera revivre au milieu des generations futures, qui le presenteront
toujours a leurs chefs comme un modele a imiter.
Tous les ecrivains contemporains, Americains ou Francais, nous
depeignent Washington sous les traits les plus nobles au physique
comme au moral; il n'y a de tache a aucun de leurs tableaux. Je ne
veux pas redire ici les impressions ressenties par MM. de La Fayette,
de Chastellux, de Segur, Dumas et tant d'autres, lorsqu'ils furent
admis pour la premiere fois en presence du generalissime americain.
Elles sont a peu pres identiques et sont exprimees, dans les memoires
signes de leur nom, avec tout l'enthousiasme dont ces Francais etaient
capables. "C'est le Dieu de Chastellux", ecrivait Grimm a Diderot.
_Correspondance_, X, 471. Nous nous contenterons de transcrire ici le
passage relatif a ce grand homme, que M. de Broglie a insere dans ses
_Relations inedites_.
"Ce general est age
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