un mot tout le pays
compris entre la Nouvelle-Orleans et Montreal. Partout sur son
trajet il enfouissait des plaques[55] de plomb, comme souvenir et
en temoignage de l'etablissement de la domination francaise sur ce
territoire.
[Note 55: _Vie de Washington_, par Sparks, II, 430. La date est 16
d'aout 1749.]
Les Anglais, justement alarmes de semblables pretentions, pretextant
que de tels etablissements portaient atteinte a leurs droits,
envahirent brusquement le Canada (1754).
C'est alors que parait pour la premiere fois dans l'histoire le nom de
Washington. Il commandait, avec le titre de colonel, un detachement
de Virginiens. Ainsi, par une singuliere coincidence, ce grand homme
porta d'abord les armes contre ces memes soldats qui devaient aider
a l'affranchissement de sa patrie, et s'efforca de soumettre a la
domination anglaise ces memes Canadiens qu'il appelait vainement plus
tard a l'aider a la delivrance commune.
Washington surprit un detachement de troupes francaises envoye en
reconnaissance aupres du fort Duquesne, l'enveloppa, le fit tout
entier prisonnier et tua son chef, Jumonville[56]. Assiege a son
tour dans son camp, aux Grandes-Prairies, par de Villiers, frere de
Jumonville, il fut oblige de capituler, et se retira toutefois avec
les honneurs de la guerre[57].
La seconde expedition[58], dirigee la meme annee contre le fort
Duquesne par le general anglais Braddock, eut une issue plus
malheureuse pour celui-ci. Cet officier, qui meprisait les milices de
la Virginie, s'engagea sur un territoire qu'il ne connaissait pas et
fut enveloppe et tue par les Francais, aides des Indiens. Le colonel
Washington rallia les fuyards et opera sa retraite en bon ordre.
[Note 56: Ce fut l'etincelle qui alluma la guerre de Sept Ans.
Laboulaye, _Hist. des Etats-Unis_, II, 50, 297.]
[Note 57: Cette capitulation donna naissance a une horrible calomnie
qui, malgre les protestations reiterees de Washington, cherche
a s'acharner encore contre sa memoire, en depit de la noblesse
universellement reconnue de son caractere: je veux parler du pretendu
_assassinat_ de Jumonville. Plusieurs ouvrages publies en France
(_Memoire, precis des faits, pieces justificatives_, etc. Paris,
1756,)--reponse officielle aux observations de l'Angleterre, repetent
et propagent cette erreur, et bien qu'elle ait ete reconnue et
signalee comme telle dans les ecrits les plus consciencieux, je crois
qu'il est de mon devoir de dementir encore
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