e sera plus a craindre."
"Votre Majeste m'exilera", dit-il a la fin. Cette prediction ne se
realisa que cinq ans apres: en 1770, Choiseul fut exile dans ses
terres.
[Note 70: La politique de Choiseul et de Vergennes fut suivie par
Napoleon. Quand il songea a ceder la Louisiane aux Etats-Unis, il
prononca ces paroles:
"Pour affranchir les peuples de la tyrannie commerciale de
l'Angleterre, il faut la contre-parer par une puissance maritime qui
devienne un jour sa rivale; ce sont les Etats-Unis." _Les Etats-Unis
et la France_, par Edouard Laboulaye. Paris, 1862.]
VI
La guerre se fit a la fois sur trois points du continent americain:
aux environs de Boston, de New-York et de Philadelphie; dans le
Canada, que les Americains voulaient cette fois entrainer dans
leur cause et d'ou les Anglais partirent pour prendre a revers
les revoltes; enfin dans le Sud, autour de Charleston et dans les
Carolines.
Les debuts du conflit furent heureux pour les Americains. Leurs
milices, plus fortes par le sentiment de la justice de leur cause que
par leur experience de la guerre et par la discipline, battirent a
Lexington (avril 1775) un detachement anglais. On assiegea le general
Gage dans Boston. Le Congres confia a Washington [71] la tache
difficile d'organiser les bandes de miliciens et de les mettre en etat
de vaincre les troupes aguerries de la Grande-Bretagne. Ce fut
un grande acte de patriotisme de la part de ce genereux citoyen
d'accepter une pareille mission. Du jour ou, sans ambition comme sans
crainte, il prit en mains la conduite des affaires, il ne perdit
plus de vue les aspirations du pays. Il ne desespera jamais de leur
realisation, et si, dans les moments critiques, aux jours ou la cause
de l'independance paraissait le plus compromise, il eut quelques
instants de decouragement, il sut du moins empecher par son attitude
ses concitoyens de se laisser entrainer a un pareil sentiment. Il les
retint autour de lui et leur communiqua sa confiance dans l'avenir.
Apres le succes, redevenu simple particulier, il voulut vivre
tranquille dans sa maison de Mount-Vernon, en Virginie. L'independance
de sa patrie etait la seule recompense qu'il attendait de ses efforts.
Chez les Americains, il est "l'homme qui avait ete le premier dans
la guerre, le premier dans la paix, le premier dans le coeur de ses
compatriotes." L'histoire lui a rendu justice, et, chez tous les
peuples son nom est reste le plus pur.
[Note 71: Nou
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