upart etaient, en effet, de deux
especes egalement incompatibles avec les idees des Americains et avec
le genre de guerre que ceux-ci soutenaient. Les uns n'etaient que des
aventuriers qui recherchaient surtout un succes facile et une gloire
rapide. Ils pensaient qu'on leur confierait de suite, sinon la
direction des armees, du moins celle des regiments. Les autres etaient
de jeunes nobles que le principe meme de la guerre touchait peu, mais
qui, las de leur inaction, voulaient se signaler par quelque action
d'eclat dans une expedition hasardeuse et lointaine. Or le Congres ne
voulut point commettre a la fois une injustice et une faute en donnant
des commandements aux premiers; les seconds, de leur cote, se virent
bientot engages dans une guerre penible, fatigante, dans laquelle
l'ardeur chevaleresque devait le ceder au courage patient, dont le but
etait la liberte d'un peuple et non la gloire des soldats[86]. Ces
coureurs d'aventures revinrent bientot, mecontents des Americains et
decriant leur cause avec mauvaise foi. Ils furent peu ecoutes. Bientot
leurs injustes plaintes se perdirent dans les elans d'enthousiasme
que souleva la genereuse conduite de La Fayette et la constance avec
laquelle il persevera dans sa premiere resolution.
[Note 85: _Histoire des Etats-Unis,_ par Scheffer. Paris, 1825, page
174.--L'auteur semble avoir eu des relations avec La Fayette.--Voir
aussi _Mem. du chevalier Quesnay de Beaurepaire._ Paris, 1788.
Le 24 juillet 1778, le general Washington ecrivait a Gouverneur
Morris, a Philadelphie: "La prodigalite avec laquelle on a distribue
les grades aux etrangers amenera certainement l'un de ces maux: de
rendre notre avancement militaire meprisable, ou d'ajouter a nos
charges actuelles en encourageant les etrangers a tomber sur nous par
torrents, que nos officiers nationaux se retireront du service... Non,
nos officiers ne verront pas Injustement places au-dessus d'eux des
etrangers qui n'ont d'autres Titres qu'un orgueil et une ambition
effrenes..... _Memoires de Gouverneur Morris,_ I, 135. Paris, 1842.]
[Note 86: _Silas Deane en France_. Mss imprimes a Philadelphie pour
le _Seventy-Six Society_ (p. 16) donnent des renseignements sur les
procedes des commissaires americains a Paris. Arthur Lee, p. 170,
accuse Deane de legerete et de vanite a l'egard des officiers
francais. Deane, p. 65, se vante de sa conduite.]
Si La Fayette donna une impulsion toute nouvelle a l'emigration des
jeunes no
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