Ils consistaient en ce que l'on ne pouvait lever d'impots sans
l'autorisation du Parlement; que seul celui-ci pouvait autoriser
la levee d'une armee permanente, que les chambres, regulierement
convoquees, auraient une part serieuse aux affaires du pays; que tout
citoyen aurait droit de petition; enfin, l'acte dit de l'_habeas
corpus_.
Ces principes furent toujours invoques par les colons d'Amerique. On
ne quitte pas sa patrie et ses foyers sans garder au fond du coeur et
sans transmettre a ses enfants les idees auxquelles on a fait tant de
sacrifices et une aversion profonde contre le despotisme qui a rendu
ces sacrifices necessaires. Tandis que les hommes d'Etat en Angleterre
se plaisaient a parler de l'omnipotence du Parlement, de son droit
de taxer les colonies sans les consulter et sans admettre ses
representants dans son sein, les colons, au contraire, declaraient
qu'il etait de leur droit et de leur devoir de protester contre ces
empietements des souverains sur les prerogatives qu'ils tenaient
eux-memes de Jesus-Christ. Ils etaient autorises, disaient-ils, par
la loi de Dieu comme par celle de la nature, a defendre leur
liberte religieuse et leurs droits politiques. Ces droits innes et
imprescriptibles sont inscrits dans le code de l'eternelle justice, et
les gouvernements sont etablis parmi les hommes non pour les usurper
et les detruire, mais bien pour les proteger et les maintenir parmi
les gouvernes. Lorsqu'un gouvernement manque a ce devoir, le peuple
doit le renverser pour en etablir un nouveau conforme a ses besoins et
a ses interets.
Le 11 novembre 1743, au moment ou tombait le ministere de Walpole, qui
n'avait d'autre but que l'accroissement des prerogatives royales et
d'autres moyens que la corruption, une reunion etait provoquee par
le reverend pasteur Craighead a Octorara, en Pensylvanie. On y
disait[48]:
"Nous devons garder, d'apres les droits que nous a transmis
Jesus-Christ, nos corps et nos biens libres de toute injuste
contrainte." Et ailleurs: "Le roi Georges II n'a aucune des qualites
que demande l'Ecriture sainte pour gouverner ce pays." L'on "fit une
convention solennelle, que l'on jura en tenant la main levee et l'epee
haute, selon la coutume de nos ancetres et des soldats disposes
a vaincre ou a mourir, de proteger nos corps, nos biens et nos
consciences contre toute atteinte, et de defendre l'Evangile du
Christ et la liberte de la nation contre les ennemis du dedans et du
dehors[
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