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louis pour un an et un brevet de lieutenant, antidate, pour qu'il put
entrer avantageusement dans l'armee des rebelles. Il partit de Londres
pour Philadelphie le 8 septembre 1775, sous le nom d'un marchand
d'Anvers. Il trouva a Philadelphie un M. Daymond, Francais et
bibliothecaire, qui l'aida dans ses recherches. Il ecrit en donnant
des renseignements a M. de Vergennes, qu'il est arrive deux officiers
francais menant grand train, qui ont fait des propositions au Congres
pour des fournitures d'armes et de poudre. Nul doute qu'il ne s'agisse
de MM. de Penet et Pliarne, cites dans une lettre de Barbue Dubourg a
Franklin. (_Archives americaines_.)]
[Note 64: V. _Vie de Jefferson_, par Cornelis de Witt, Paris, 1861, ou
la politique de Choiseul est tres-habilement developpee. Toutes les
pieces importantes sont imprimees dans l'appendice.]
De 1757 a 59 parurent des lettres, que l'on disait ecrites par le
marquis de Montcalm a son cousin M. de Berryer, residant en France,
dans lesquelles on trouve une appreciation bien juste de la situation
des colonies d'Amerique et une prediction bien nette de la revolution
qui se preparait. "Le Canada, y est-il dit, est la sauvegarde de ces
colonies; pourquoi le ministre anglais cherche-t-il a le conquerir?
Cette contree une fois soumise a la domination britannique, les autres
colonies anglaises s'accoutumeront a ne plus considerer les Francais
comme leurs ennemis."
Ces lettres eurent le plus grand retentissement dans les deux
continents. Grenville et lord Mansfield, qui les eurent en leur
possession, les crurent reellement emanees de Montcalm. De nos jours
encore, le judicieux Carlyle[65] n'a pas hesite a en citer des
extraits dans le but de vanter la sagacite du general francais et la
justesse de sa prophetie. Mais le style de ces lettres, l'exageration
de certaines idees, l'absence de tout caractere qui denote leur
provenance, et la comparaison qui en a ete faite avec toutes les
pieces relatives aux affaires du Canada et a Montcalm, ne permettent
plus de croire a la verite de l'origine qui leur fut attribuee des
leur apparition. Nous voyons la une manoeuvre habile du ministre
Choiseul, qui esperait, par cette brochure, semer la division entre
les deux partis, augmenter leur defiance reciproque et hater un
denoument qu'il prevoyait d'autant plus volontiers qu'il le desirait
plus ardemment.
[Note 65: _Vie de Frederick the Great_. XI, 257-262. Leipzig, edition
1865. Bancroft
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