voir etudie la theologie, puis le droit, publia a
vingt-sept ans, a Bale, son _Institutio christianae religionis_, qu'il
dedia au roi de France. Chasse de Geneve, puis rappele dans cette
ville, il y fut desormais tout-puissant. Il voulut reformer a la
fois les moeurs et les croyances, et il donna lui-meme l'exemple de
l'austerite la plus severe et de la morale la plus rigide[36]. Son
despotisme theocratique enleva aux Genevois les jouissances les plus
innocentes de la vie; mais sous sa vigoureuse impulsion Geneve acquit
en Europe une importance considerable.
[Note 36: Cette severite de caractere se montra de bonne heure en
lui, car sur les bancs de l'ecole, ses camarades lui avaient donne le
sobriquet de: _cas accusatif_.]
Plus audacieux dans ses reformes que Luther, il fut aussi plus
systematique, et il comprit que ses doctrines n'auraient pas de duree
ou ne se propageraient pas s'il ne les condensait dans une sorte de
code. Sa _Profession de foi_, en vingt et un articles, parut alors
comme le resume de sa doctrine, et nous en retrouvons l'esprit,
sinon la lettre, dans la fameuse declaration de l'independance des
Etats-Unis. Par ce code, les pasteurs devaient precher, administrer
les sacrements et examiner les candidats qui voulaient exercer le
ministere. L'autorite etait entre les mains d'un synode ou consistoire
compose, pour un tiers, de pasteurs, et de laiques pour les deux
autres tiers.
Calvin comprit parfaitement le secret de la force croissante des
disciples de Loyola. Comme le fondateur de l'ordre des Jesuites, il
voulut baser la nouvelle condition sociale sur l'egalite la plus
absolue fonctionnant sous le regime de la plus rigoureuse discipline.
Il conserva a son Eglise le droit d'excommunication, et il exerca
lui-meme sur ses disciples un pouvoir d'une inflexibilite si rigide
qu'il allait jusqu'a la cruaute et a la tyrannie. Quand l'homme eut
disparu, ses principes lui survecurent au milieu de l'organisation
sociale qui etait son oeuvre. L'egalite des hommes etait reconnue et
professee publiquement, et, en s'etayant sur l'austerite des moeurs,
elle devait faire accomplir aux calvinistes les plus heroiques efforts
en faveur de la liberte de conscience et de la liberte politique.
La discipline calviniste reposait sur l'egalite des ministres entre
eux. Elle se distinguait surtout en cela du lutheranisme,
qui admettait encore une certaine hierarchie, et surtout de
l'anglicanisme, qui n'etait que le catho
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