a
mer. Le gouvernement anglais voulut ruiner cette derniere ville. Le
general Gage vint s'y etablir, pendant qu'une flotte la bloquait. En
meme temps on levait en Angleterre une armee veritable pour reduire
les colonies a l'obeissance.
L'indignation fut au comble en Amerique. Toutes les colonies
resolurent de sauver Boston, et la Virginie se mit a la tete de ce
mouvement.
Pendant qu'un armee de volontaires accourait s'opposer aux mouvements
du general Gage un congres general s'assemblait a Philadelphie,
capitale la plus centrale des colonies, le 5 septembre 1774. Il etait
compose de cinquante-cinq membres choisis parmi les hommes les plus
habiles et les plus respectes des treize colonies. La on decida qu'il
fallait soutenir Boston et lui venir en aide par des troupes et de
l'argent, et l'on publia cette fameuse _declaration des droits_ que
revendiquaient tous les colons en vertu des lois de la nature, de la
constitution britannique et des chartes concedees. Cette declaration
solennelle fut suivie d'une proclamation a toutes les colonies
et d'une petition au roi George III, qui resta inutile comme les
precedentes.
Comme l'avait prevu William Pitt, qui s'etait efforce de concilier
l'integrite de la monarchie britannique avec la liberte des colonies
americaines, la guerre eclata.
IV
Tels sont les faits purement materiels qui precederent la rupture des
colonies anglaises d'Amerique avec la Grande-Bretagne et les actes qui
provoquerent les premieres hostilites. Un soulevement aussi general,
aussi spontane, aussi irresistible que celui qui aboutit a la
_declaration des droits du citoyen_ et a la constitution de la
republique des Etats-Unis ne saurait pourtant trouver son explication
dans ce seul fait de l'etablissement d'un nouvel impot. C'est dans
l'esprit meme de la population atteinte dans ses libertes, dans ses
aspirations, ses traditions et ses croyances qu'il faut rechercher les
germes de la revolution qui allait eclater. Les grands bouleversements
qui, dans le cours de l'histoire des peuples, ont change le sort
des nations et transforme les empires, ont toujours ete le resultat
logique, inevitable, d'influences morales qui, persistant pendant des
annees, des siecles meme, n'attendaient qu'une circonstance favorable
pour affirmer leur domination et constater leur puissance. Nulle part
plus que dans l'Amerique du Nord ces influences morales ne pourraient
etre evoquees par l'historien, et je me propose
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