blia comme emanant de lui.
Voir _Vie de Washington_, Ramsay, 113. Sparks, I, 265. Marshall, III,
ch. vi.]
Il fut saisi d'un sentiment tout nouveau a la vue de ce jeune homme de
vingt ans qui n'avait pas hesite a quitter sa patrie et sa jeune femme
pour venir soutenir, dans un moment ou elle semblait desesperee, une
cause qu'il croyait grande et juste. Non-seulement il avait fait pour
les Americains le sacrifice d'une grande partie de sa fortune et
peut-etre de son avenir, mais encore il refusait ces dedommagements
legitimes que les Francais qui l'avaient precede reclamaient du
Congres comme un droit acquis: un grade eleve et une solde. "Apres
les sacrifices que j'ai deja faits, avait-il repondu au Congres, qui
l'avait nomme de suite major-general, j'ai le droit d'exiger deux
graces: l'une est de servir a mes depens, l'autre est de commencer a
servir comme volontaire." Un si noble desinteressement devait aller
au coeur du general americain. Sa modestie n'etait pas moindre, car,
comme Washington lui temoignait ses regrets de n'avoir pas de plus
belles troupes a faire voir a un officier francais: "Je suis ici pour
apprendre et non pour enseigner," repondit-il.
C'est par de tels procedes et de telles paroles qu'il sut se concilier
de suite l'estime et l'affection de ses nouveaux compagnons d'armes.
Le courage et les talents militaires dont il fit preuve dans la suite
lui assurerent pour toujours la reconnaissance du peuple entier.
Cette epoque de la vie de La Fayette est la plus brillante et la plus
glorieuse, parce qu'elle lui permit de deployer a la fois ses qualites
physiques et morales. Sa jeunesse, sa distinction naturelle et son
langage seduisaient au premier abord. La noblesse de son caractere et
l'elevation de ses idees inspiraient la confiance et la sympathie. Son
desinteressement en toutes circonstances, la loyaute, la franchise
avec lesquelles il embrassa la cause des Americains, le contraste
frappant de sa conduite avec celle de quelques-uns de ses compatriotes
qui l'avaient precede, l'energie rare a son age dont il ne se departit
jamais, sa constance dans les revers et sa moderation dans le succes
le firent adopter par les colons revoltes comme un frere, et par leur
general comme un fils.
Beaucoup d'ecrivains en France ont prononce sur le caractere de La
Fayette des jugements tout differents et emis sur ses actes des
opinions peu flatteuses. Loin de moi la pensee de reformer ces
jugements ou de modifie
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