est lorsque la republique fut tombee, a Rome, sous
le despotisme militaire, et que le peuple, ecrase par l'aristocratie,
abatardi par l'infusion du sang barbare, eut perdu toute energie que
s'etablit un droit nouveau, inconnu jusque la. L'empire n'admit plus
pour guide que la volonte du chef. Il ne devait rendre compte de ses
actes qu'aux dieux, quand on ne le considerait pas lui-meme comme un
dieu. Le christianisme trouva cette doctrine en vigueur, et elle fut
transmise aux generations suivantes par les jurisconsultes et les
ecrivains ecclesiastiques. L'Eglise l'adopta dans son organisation et
l'imposa aux peuples barbares qui vinrent s'etablir sur les debris de
l'empire romain. Le moyen age fut le triomphe absolu de ce systeme
de gouvernement. _E Deo rex, e rege lex_, telle etait la devise sous
laquelle devaient s'incliner les peuples et qui placait le pape au
sommet de l'organisation sociale en lui conferant le droit de nommer
ou de deposer les souverains.
Des que l'etude des philosophes anciens dissipa les tenebres de
l'ignorance, l'esprit de curiosite et d'examen se porta sur tous les
sujets, et l'on commenca a mettre en question l'infaillibilite du pape
et des souverains. On trouva meme que les Peres de l'Eglise etaient
loin d'avoir proclame la doctrine sur laquelle se fondait le droit
nouveau. Saint Paul avait enseigne que l'individu devait prendre pour
guide de sa conduite la conscience. Saint Augustin, donnant un
sens plus large a cette doctrine, disait que les peuples comme les
individus etaient responsables de leurs actes devant Dieu. Et saint
Bernard s'ecriait: "Qui me donnera, avant que de mourir, que je voie
l'Eglise de Dieu comme elle etait dans les premiers jours!" Dans les
conciles de Vienne, de Pise, de Bale, on reconnaissait la necessite
de reformer l'Eglise _dans le chef et dans les membres_. Telle etait
aussi l'opinion des plus celebres docteurs, de Gerson et de Pierre
d'Ailly par exemple. Les Augustins s'eleverent enfin energiquement
contre les abus de la cour de Rome et le desordre du clerge; leur plus
eminent docteur, Martin Luther, proclama la reforme. Les peuples les
plus religieux l'embrasserent avec ardeur. La lecture des livres
saints, proclamant la fraternite des hommes, annoncant l'abaissement
des grands et l'elevation des humbles, leur fit entrevoir la fin
possible de l'oppression sous laquelle ils gemissaient depuis des
siecles. Des lors la religion reformee prit en Hollande avec Jean
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