et les autres, ne se sont-ils pas rappele les adieux prophetiques du
docteur Cooper!
Dans le _Journal de Blanchard_, je trouve ce passage sur le Dr Cooper:
"M. Hancock est un des auteurs de la Revolution, ainsi que le docteur
Cooper, chez qui nous dejeunames le 29 (juillet 1780): c'est un
ministre qui me parut homme d'esprit, eloquent et enthousiaste. Il a
beaucoup de credit sur les habitants de Boston, qui sont devots
et presbyteriens, imbus en general des principes des partisans de
Cromwell, desquels ils descendent. Aussi sont-ils plus attaches a
l'Independance qu'aucune autre population de l'Amerique, et ce sont
eux qui ont commence la revolution."]
La Fayette devait etre sacrifie dans son role de ponderateur et
d'intermediaire entre les partisans de la royaute liberale et les
republicains exaltes. Il perdit tout a la fois la faveur de la Cour,
qui le traita en ennemi, et l'affection du peuple, qui le considera
comme un traitre. L'histoire meme en France n'a pas rehabilite sa
memoire; non que la verite ne doive jamais luire pour lui, mais parce
que les passions qui ont dicte jusqu'a ce jour l'opinion des ecrivains
francais sur La Fayette et sur les hommes de la Revolution ne sont pas
eteintes.
La Revolution francaise a-t-elle reellement rompu avec les traditions
du passe? A-t-elle pose les fondements d'une organisation laique
nouvelle qui marche[81] vers la democratie? A-t-elle livre un combat
supreme et decisif a l'esprit du moyen age qui cherche, a la faveur
des dogmes theologiques, a dominer le monde entier? Ou bien ne
fut-elle qu'une terrible tourmente, une sorte de typhon destructeur,
dont les ravages sont peu a peu effaces par le temps?
[Note 81: Prevost-Paradol. _La France Nouvelle_.]
La prise de la Bastille qui suit la concentration des troupes autour
de Paris, la misere du peuple et les manifestations du banquet des
gardes du corps avant les journees des 5 et 6 octobre, les massacres
de septembre, la journee du 10 aout, la conspiration des _Chevaliers
du poignard_, la trahison de Mirabeau, la repression sanglante des
emeutes du Champ-de-Mars par Bailly, les actes et le jugement du roi,
la conduite des Girondins, celle des Montagnards et du Comite de salut
public, l'avenement de Bonaparte, sont autant de questions brulantes,
discutees avec passion et vivacite[82].
[Note 82: J'ai pu me procurer une collection de livraisons
bi-mensuelles publiees pendant les _terribles_ annees 1792, 1793 et
1794
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