de Leyde, en Suisse avec Zwingle et Calvin, en Ecosse avec Knox, un
caractere democratique inconnu jusqu'alors.
On peut remarquer que le gouvernement de chaque peuple est
generalement la consequence de la religion qu'il professe.
Chez les sauvages les plus grossiers, qui sont a peine au-dessus de la
brute et qui meme sont inferieurs par l'intelligence a quelques-uns
des animaux au milieu desquels ils vivent[32], nous ne trouvons
aucune forme de gouvernement definie, si ce n'est le droit absolu et
inconteste de la force et un despotisme aveugle et sanguinaire qui
reduit ces peuplades a la plus miserable condition. L'idee d'un dieu
n'est pourtant pas ignoree de ces etres qui n'ont d'humain que le
langage, puisque physiquement ils se rapprochent autant du singe
que de l'homme. Mais c'est un dieu materiel qui ne possede ni
l'intelligence infinie du dieu des nations les plus civilisees, ni
la puissance mysterieuse et speciale des divinites payennes, ni meme
l'instinct des animaux qu'adoraient les anciens Egyptiens. C'est
un fetiche de bois ou de pierre, depourvu de tous les attributs
non-seulement de la raison, mais meme de l'intelligence et de la vie.
Si, pour ces idolatres, quelque volonte se cache dans la masse inerte
devant laquelle ils se prosternent, elle ne se traduit jamais que
par des actes fantasques ou feroces dont toute idee de raison ou de
justice est exclue, et tels que ceux qu'ils reconnaissent a leurs rois
le droit de commettre. Pourquoi ces malheureux n'admettraient-ils pas
que leur souverain terrestre put disposer, suivant son caprice, de
leurs biens, de leur personne et de leur vie, puisqu'ils se soumettent
aveuglement a l'ordre de choses etabli, et qu'ils ne veulent
reconnaitre chez leur dieu aucune apparence de raison?
[Note 32: Comparer le caractere et les moeurs des populations au
milieu desquelles ont sejourne Livingstone, Speeke, Baker, Du Chaillu
et autres voyageurs Dans l'Afrique centrale, avec les moeurs des
singes, decrites par Buffon et Mansfield Parkins.]
Mais a mesure que la religion des peuples se degage des croyances
grossieres, a mesure que les dogmes deviennent d'une moralite plus
inattaquable ou d'une elevation plus imposante, les formes des
gouvernements se modifient dans un meme sens. Les lois politiques ne
sont encore qu'une copie des lois religieuses; et tandis qu'une foi
aveugle soumet les uns a un gouvernement sans controle, le droit au
libre arbitre et au libre examen dans
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