fluence
fatale de cette femme sur l'esprit affaibli du roi.
Il faut lire dans les memoires du temps la juste appreciation des
miserables influences qui presidaient aux affaires publiques et au
milieu desquelles se jouait la fortune de la France. Une nouvelle
favorite avait ete sur le point d'etre choisie. Devant les cris
d'effroi du controleur general Laverdie, l'attitude et la fermete de
Choiseul, le roi avait du ceder, mais il battait froid a son ministre.
Plus tard il ceda a regret aux instances reiterees de ses courtisans,
ameutes par les rancunes de la compagnie de Jesus. Il comprenait tout
ce dont il se privait en renvoyant son ministre, et quand il apprit
que la Russie, l'Autriche et la Prusse venaient de se partager la
Pologne, il s'ecria: "Ah! cela ne serait pas arrive si Choiseul eut
encore ete ici." _Vie du marquis de Bouille, Memoires du duc de
Choiseul_, I, 230. _Memoire inedit._]
Malgre l'origine de sa faveur, les defauts que l'on peut trouver a
son caractere et les erreurs qu'il commit dans son administration
multiple, ce ministre jette un eclat singulier et inattendu au milieu
de cette cour corrompue ou tout etait livre a l'intrigue et d'ou
semblaient bannis toute idee de justice et tout sentiment du bien
public. Il comprenait d'ailleurs le peu de stabilite de sa situation,
et n'esperait guere que l'on reconnaitrait a la cour les services
qu'il pourrait rendre a son pays. On en trouve la preuve dans un
memoire qu'il adressa au roi en 1766, et dans lequel il ose s'exprimer
avec une certaine impertinence hautaine que l'on est heureux de
retrouver en ces temps de basse courtisanerie et de lache servilite.
"Je meprisais, autant par principe que par caractere, dit-il au roi,
les intrigues de la Cour, et quand Votre Majeste me chargea de la
direction de la guerre, je n'acceptai ce triste et penible emploi
qu'avec l'assurance que Votre Majeste voulut bien me donner qu'elle me
permettrait de le quitter a la paix."
Le ministre entre ensuite dans le detail de son administration qui
avait compris la guerre, la marine, les colonies, les postes et les
affaires etrangeres, pendant six annees.--La premiere annee, il
reduisit les depenses des affaires etrangeres de 52 a 25 millions.
Quant a l'Angleterre, Choiseul en parle avec une certaine crainte.
"Mais la revolution d'Amerique, dit-il, qui arrivera, mais que nous ne
verrons vraisemblablement pas, remettra l'Angleterre[70] dans un etat
de faiblesse ou elle n
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