M. de Bois-Bertrand partit en
juillet 1776, en emmenant a ses frais deux bas officiers d'une grande
bravoure. Barbue-Dubourg lui avait fait esperer le grade de colonel.
Les milices americaines manquaient d'ingenieurs. Ce fut encore
Barbue-Dubourg qui se chargea d'en procurer. Dans sa lettre du 10 juin
1776, deja citee, il s'exprime ainsi a ce sujet. "J'ai arrete
deux ingenieurs: l'un, M. Potter de Baldivia, tout jeune mais
tres-instruit, fils d'un chevalier de Saint-Louis qui etait ingenieur
attache au duc d'Orleans; l'autre, Gille de Lomont[88], jeune homme
d'un merite peu commun quoiqu'il n'ait encore ete employe qu'a la
paix; mais on ne peut pas en decider d'autres."
[Note 88: _Notices biogr_.]
"J'ai parle a M. de Gribeauval, lieutenant general des armees du roi
et directeur de l'artillerie, qui croit qu'il faut vous en envoyer
trois dont, l'un en chef, qui serait M. Du Coudray[89], officier
tres-distingue et tres-jalouse, qui a servi en Corse, et dont les
connaissances en chimie pourraient etre tres-utiles."
Les seuls ingenieurs qui furent envoyes en Amerique avec une mission
secrete du gouvernement francais furent de Gouvion, Du Portail, La
Radiere et Launoy. Ils furent engages par Franklin, alors a Paris,
qui avait ete charge par le Congres de cette negociation; mais ils
n'arriverent en Amerique qu'apres La Fayette, le 29 juillet 1777[90].
Le plus ancien des officiers volontaires sur lequel j'aie des donnees
positives est M. de Kermovan. Le 24 mars 1776[91], M. Barbue-Dubourg
ecrit de Paris au docteur Franklin, a Philadelphie: "Je pense
tres-serieusement que le chevalier de Kermovan est un des meilleurs
hommes que votre pays puisse acquerir. Il a deja embrasse ses
sentiments, et il ne demande rien avant d'avoir fait ses preuves; mais
il a l'ambition d'obtenir un rang quand son zele et ses talents seront
eprouves. Il est dispose a s'exposer a tous les dangers comme simple
volontaire aussi bien que s'il avait le commandement en chef. Il me
parait bien instruit dans l'art militaire."
[Note 89: Ce Tronson du Coudray dont il est question ici obtint en
effet la permission d'aller en Amerique comme volontaire, et partit
avec une troupe d'officiers francais pour rejoindre l'armee
de Washington. Ils etaient sur le premier batiment frete par
Beaumarchais, parti du Havre en janvier 1777. Le 17 septembre 1777 il
traversait le Schuylkill sur un bateau plat, lorsque le cheval trop
fringant qu'il montait se mit a re
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