d'en etudier ici
l'origine, d'en suivre le developpement et d'en recueillir les
nombreuses manifestations.
J'ai dit que les premieres tentatives de colonisation sur les rives
du fleuve Saint-Jean furent faites par des protestants francais. Elle
n'eurent d'abord aucun succes. Mais du jour ou les huguenots envoyes
par Coligny eurent mis le pied sur le sol du nouveau monde, il semble
qu'ils en aient pris possession au nom de la liberte de conscience et
de la liberte politique.
Avant l'ere chretienne, c'etaient les differences d'origine, de moeurs
et d'interets qui etaient les causes des guerres; jamais les croyances
religieuses. Si l'homme qui sacrifiait a Jupiter Capitolin sur les
bords du Tibre voulait soumettre l'Egyptien ou le Gaulois, ce n'etait
pas parce que ce dernier adorait Osiris ou Teutates, mais uniquement
dans un esprit de conquete. Depuis l'introduction du christianisme
parmi les hommes, les guerres de religion furent au contraire les plus
longues et les plus cruelles. C'est au nom d'un Dieu de paix et de
charite que furent livrees les luttes fratricides les plus passionnees
et que les executions les plus horribles furent commises. C'est en
prechant une doctrine dont la base etait l'egalite des hommes et
l'amour du prochain que s'entre-dechirerent des nations qui s'etaient
developpees a l'ombre de la Croix et avaient atteint le plus haut
degre de civilisation. Comment les successeurs des apotres, les
disciples du Christ, oubliant que les supplices des martyrs avaient
hate a l'origine le triomphe de leurs croyances, firent-ils couler si
abondamment le sang de leurs freres, et esperaient-ils les ramener
ainsi de leurs pretendues erreurs? C'est que la doctrine chretienne
fut detournee de sa voie, que ses preceptes furent meconnus. Embrassee
avec enthousiasme par le peuple, surtout par les pauvres et les
desherites de ce monde, auxquels elle donnait l'esperance, elle devint
bientot entre les mains des souverains et des puissants un instrument
de politique, une arme de tyrannie. Alors l'esprit de l'Evangile fut
oublie et fit place a un fanatisme grossier dans les populations
ignorantes; une intolerance barbare fut seule capable de masquer
les abus et les desordres qui avaient souille la purete de l'Eglise
primitive et denature les preceptes de ses Peres.
Les legislateurs et les ecrivains de l'antiquite n'ont jamais admis
que l'Etat eut des droits et des interets independants ou separes de
ceux du peuple. C'
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