les qualifie nettement de contrefacons, IV (ch. ix),
128, _note_. V. aussi _Vie du general James Wolfe_, par Robert Wright,
601. London, 1864.]
Les officiers francais, qui parcouraient pour la derniere fois le
Canada et la vallee du Mississipi, en jetant un regard d'adieu sur
ces fertiles contrees et en recevant les touchants temoignages
d'attachement des Indiens ne pouvaient s'empecher de regretter le
territoire qu'ils etaient obliges de ceder. Le duc de Choiseul pensait
tout autrement. Il lisait dans l'avenir[66]. Il le faisait sans
arriere-pensee, avec la conviction qu'il prenait une bonne mesure
politique. Il pensait que le temps etait proche ou tout le systeme
colonial devait etre modifie: "Les idees sur l'Amerique, soit
militaires, soit politiques, sont infiniment changees depuis trente
ans," ecrivait-il a Durand, le 15 septembre 1766. Il etait persuade
que la liberte commerciale et politique pouvait seule desormais
faire vivre les Etats du nouveau monde. Ainsi, du jour ou un acte du
Parlement etablit des taxes sur les Americains, la France commenca a
faire des demarches pour pousser ceux-ci a l'independance[67].
Mais ce ministre contribua a l'expulsion des jesuites de France en
1762. Cette puissante compagnie laissa derriere elle un parti qui ne
lui pardonna pas sa fermete dans cette circonstance[68]. Le Dauphin,
leur eleve, lui etait hostile. Le duc d'Aiguillon, a qui il avait fait
oter son gouvernement de Bretagne, le chancelier Maupeou et l'abbe
Terrai, controleur des finances, formerent contre lui un triumvirat
secret qui eut pourtant ete impuissant sans le honteux auxiliaire
qu'ils trouverent dans la nouvelle favorite[69].
[Note 66: Choiseul, signant l'abandon du Canada aux Anglais, dit:
_Enfin, nous les tenons_. C'etait, en effet, delivrer les colonies
americaines d'un voisinage qui les forcait a s'appuyer sur la
metropole.]
[Note 67: Il detacha le Portugal et la Hollande de l'alliance anglaise
et prepara cette union des marines secondaires qui devait, quelques
annees plus tard, devenir la ligue des neutres contre ceux qui
s'appelaient les maitres de l'Ocean.]
[Note 68: _Raisons invincibles_, publiees 8 juillet 1773, dont une
analyse est dans _Memoires secrets_, VII, 24. Londres, chez John
Adamson.]
[Note 69: Mme de Pompadour etait morte en 1764, et Choiseul, qui lui
avait du son credit, refusa de plier devant la cynique arrogance de
la Du Barry qui lui succeda. Choiseul ressentit bientot l'in
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