rent pour la premiere, mais non pour la derniere fois, ce
malheureux roi a ceder devant l'opinion publique.
VII
La figure veneree de Washington peut etre regardee comme le symbole
des idees qui presiderent a la revolution americaine. Apres elle, la
plus sympathique est celle de La Fayette, qui represente les memes
idees au milieu de l'element francais qui prit part a la lutte.
La Fayette[72], a peine age de dix-neuf ans, etait en garnison a
Metz, lorsqu'il fut invite a un diner que son commandant, le comte de
Broglie, offrait au duc de Glocester, frere du roi d'Angleterre, de
passage dans cette ville. On venait de recevoir la nouvelle de la
proclamation de l'independance des Etals-Unis, et, la conversation
etant necessairement tombee sur ce sujet, La Fayette pressa le duc de
questions pour se mettre au courant des faits, tout nouveaux pour lui,
qui se passaient en Amerique. Avant la fin du diner sa resolution
etait prise et, a dater de ce moment, il n'eut plus d'autre pensee que
celle de partir pour le nouveau monde. Il se rendit a Paris, confia
son projet a deux amis, le comte de Segur et le vicomte de Noailles,
qui devaient l'accompagner. Le comte de Broglie, qu'il en instruisit
egalement, tenta de le detourner de son dessein. "J'ai vu mourir votre
oncle en Italie, lui dit-il, votre pere a Minden, et je ne veux pas
contribuer a la ruine de votre famille en vous laissant partir." Il
mit pourtant La Fayette en relation avec l'ancien agent de Choiseul au
Canada, le baron de Kalb, qui devint son ami. Celui-ci le presenta a
Silas Deane, qui, le trouvant trop jeune, voulut le dissuader de son
projet.
[Note 72: _Notices biograph._]
Mais la nouvelle des desastres essuyes par les Americains devant
New-York, a White-Plains et au New-Jersey le confirme dans sa
resolution. Il achete et equipe un navire a ses frais, et deguise ses
preparatifs en faisant un voyage a Londres. Pourtant son dessein est
devoile a la Cour. Sa famille s'irrite contre lui Defense lui est
faite de passer en Amerique, et, pour assurer l'execution de cet
ordre, on lance contre lui une lettre de cachet[73]. Il quitte
neanmoins Paris avec un officier nomme Mauroy, se deguise en courrier,
monte sur son batiment a Passage, en Espagne, et met a la voile le 26
avril 1777. Il avait a son bord plusieurs officiers[74].
[Note 73: M. de Pontgibaud, qui rejoignit La Fayette en Amerique en
septembre 1777 et qui fut son aide-de-camp, nous apprend avec q
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