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re qua j'eusse peur d'autre chose que de perdre cet amour que vous avez pour moi maintenant? Je sais bien que vous resterez mon ami, mais pensez-vous que cela me suffise et me console? Ah! tenez, ne parlons pas de notre mariage, parlons comme si nous etions seulement destines a etre amants. Il y a quelque chose de bien plus solennel que la loi et le serment, comme vous dites, il y a ce qui se passe en moi, l'attachement que j'ai pour vous, la force que cet attachement prend de jour en jour, le besoin da m'isoler de tout le reste, de n'aimer et de ne plus voir que vous sur la terre. C'est la ce qui me fait fremir, car je sens que mon amour sera eternel, et vous, vous ne savez rien du votre. Cette incertitude est affreuse, apres ce qui m'a ete dit de votre caractere enthousiaste, et de la facilite avec laquelle vous savez passer d'une passion a une autre. Oh! Jacques, il vous en coutait si peu de me dire deux mots qui m'auraient rassuree plus que toute votre lettre, et que j'aurais crus aveuglement: _Je t'aimerai toujours!_ Pourquoi, au moment de les dire, vous arretez-vous comme frappe de la crainte de commettre un sacrilege? Vous pouvez repondre d'une eternelle amitie, vous pouvez promettre un devouement sublime, un desinteressement heroique, une generosite au-dessus de tous les prejuges, capable de tous les sacrifices, de toutes les douleurs, mais quant _au reste, il ne depend pas de vous_! Ces paroles sont affreuses, Jacques, effacez-les; je vous renvoie votre lettre. Je ne veux pas de ces autres serments, je n'en ai pas besoin; ils ont l'air d'un traite, d'une capitulation entre nous. Quand vous me pressez sur votre coeur en me disant: "O mon enfant, que je t'aime!" je suis bien plus sure de mon bonheur. XVI. DE JACQUES A FERNANDE. De Tours, le... Ange de ma vie, dernier rayon du soleil qui luira sur mon front chauve! ne me rends pas fou, epargne ton vieux Jacques, il a besoin de sa raison et de sa force... Tu ne sais pas, tu ne sais pas, pauvre enfant, ce que tu promets et ce que tu demandes. Tu ne songes pas que tu as dix-sept ans et moi le double; que tu seras encore une enfant quand je serai vieux; que l'avenir est plein d'effroi pour moi, si je m'abandonne a de trop riants desirs, a de trop folles ambitions. Et tu crois que c'est la crainte de changer d'amour qui m'empeche de te promettre le meme amour que tu me jures? Sais-tu que je n'ai jamais change le premier, et que, des les jours les plus arden
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