sassinats. Le
premier soupcon qui s'etait presente a son esprit tombait sur le
Savoyard, et ce soupcon se changea en certitude, ainsi que la douleur
en rage, lorsqu'il apercut l'enfant endormi, qu'il reconnaissait pour
l'avoir vu, la veille encore, au service du chansonnier aveugle du
Pont-Neuf.
Il ne pouvait douter que cet enfant, a l'instigation de son maitre, ne
fut sans doute le seul auteur du massacre des marionnettes et du meurtre
du singe; il l'avait donc considere, un moment, avec une fureur muette,
incertain de la vengeance qu'il choisirait contre ce petit coquin, mais
etonne cependant de son paisible sommeil, qu'eut envie l'innocence, a
cote des preuves trop certaines du flagrant delit.
Il le secoua rudement, pour l'eveiller, et le mit sur ses jambes, tout
emu et tout effraye, en lui tirant les cheveux et les oreilles.
--Malfaisant garcon, lui dit-il d'une voix claire qu'il s'efforcait de
rendre tonnante, as-tu de quoi payer l'amende autrement que sur tes
epaules? Quelle mechancete est la tienne d'avoir commis cet odieux
attentat? Mais tu n'en seras pas quitte pour la prison et le pilori. On
te pendra de compagnie avec le scelerat qui t'a conseille de me nuire de
la sorte, en tuant mon singe et saccageant mes pauvres marionnettes!
--Grace, monseigneur! reprit d'Assoucy, qui comprit le danger de sa
position: je vous proteste que ce n'est pas moi qui ai fait cela. Je
vous nommerai, s'il vous plait, les coupables.
--Oui-da! Bien fou qui se fierait a tes mensonges! Certes, le Savoyard a
conseille ce beau dessein, mais c'est toi seul qui l'as execute.
--Vraiment, mon bon seigneur, c'est ce vilain aveugle qui a fait le
dommage, et je vous l'affirme bien naivement, puisque j'etais cache la,
ou j'ai tout vu et tout entendu sans etre decouvert.
--Ce sont bourdes et balivernes, maitre fourbe! Pense-t-on m'en donner a
garder?
Comment un aveugle, tel que le Savoyard, eut-il su trouver seul le
chemin de ma cave, pour commettre tels degats?
--Nul autre que lui, cependant, n'a fait rage contre vos machines, je
vous l'atteste.
Il est vrai que son mechant page de musique le conduisait et l'aidait
bel et bien a saccager vos belles marionnettes.
--N'es-tu pas toi-meme page de musique du Savoyard, infame? Oseras-tu
soutenir, aussi, que tu n'as point tue mon pauvre bonhomme de singe? Tu
as encore le visage egratigne de ses griffes et meurtri de ses dents.
Ca! je ne sais quelle pitie me retient de te mettre
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