as.
Je ne sais _combien de filles_ elle m'amenera. Je sais qu'il y en a
une en pension; mais, les eut-elles toutes, la maison est assez grande
pour les loger, et nous avons des poulets dans la cour en suffisante
quantite pour approvisionner un regiment.
J'ai encore une demande a vous faire: c'est, au cas ou madame
Saint-Agnan voudrait emmener une femme de chambre, de l'en dissuader,
comme si cela venait de vous, en lui disant qu'elle n'en aura pas
besoin ici, puisque j'en ai une qui n'a rien a faire et qui sera a son
service. Je ne voudrais pas qu'elle s'apercut de ma repugnance a cet
egard, parce qu'elle croirait peut-etre que j'y mets de la mauvaise
grace. Elle se tromperait; car je serai enchantee de la recevoir, elle
et sa famille. Vous savez aussi que ce n'est pas la crainte de nourrir
une personne de plus, puisqu'il s'en nourrit dans ma maison plus que
je ne le sais souvent moi-meme. Je crains ici les domestiques
etrangers, parce que mes Berrichons sont de simples et bons paysans
ignorant toutes les rubriques des gens de Paris.
L'annee derniere, la femme de chambre de madame Angel avait mis la
maison en revolution par ses plaintes, ses propos. Les uns me
demandaient leur compte pour aller a Paris, ou elle se faisait fort de
les placer; les autres voulaient doubler leurs gages, etc., etc. Je
vous entretiens de ces balivernes parce qu'un mot dit en passant a
madame Saint-Agnan peut m'epargner ces petits desagrements. Si
cependant elle insiste, qu'il n'en soit plus question et prenez que je
n'ai rien dit. Vous pensez qu'une aussi petite consideration ne
refroidira pas le plaisir que j'aurai a la voir.
Adieu, mon bon ami; venez au plus vite. Votre chambre vous attend; le
lit de Pauline sera aupres du votre, ou, si vous voulez dans ma
chambre, a cote de celui de Maurice. Nous vous attendons avec une
grande impatience, et je vous embrasse de tout mon coeur.
Votre fille
AURORE.
Les amis de la Chatre vont etre bien joyeux de la bonne nouvelle de
votre arrivee.
XXI
A MADAME MAURICE DUPIN, A PARIS
Nohant, 4 aout 1828.
Ma chere maman,
Il est vrai que j'ai ete bien longtemps sans vous ecrire; mai je n'ai
pas cesse de demander de vos nouvelles a Hippolyte. Il pourra vous le
dire aussi, trois fois de suite je lui ai demande votre adresse sans
qu'il me l'envoyat. J'ai cherche dans vos lettres precedentes. Je n'y
ai pas trouve celle que vous m'avez designee. Ce n'
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