er des pekins
qui m'environnent, et, dans un mois au plus, je reverrai Nohant, qui a
bien aussi ses Chinois et ses magotes.
Hippolyte me mande que vous avez presque le projet de venir a Nohant
cet ete. Dieu vous maintienne dans cette bonne idee!
Adieu, chere maman; je vous embrasse; mais non, je n'en suis pas
digne, je baise votre pantoufle.
XXIX
A LA MEME
Nohant, 1er aout 1829.
Ma chere maman,
Je suis enfin de retour et Hippolyte est pres de moi avec sa famille.
Sa femme est bien fatiguee; mais j'espere que quelques jours de repos
la remettront. J'ai passe chez ma belle-mere quinze jours fort
agreables, qui m'ont retablie a peu pres. J'en avais grand besoin,
j'etais souffrante jusqu'a perdre patience; malgre cela, je me
felicite de mon voyage, et, sauf le dernier mois que j'ai presque
entierement passe dans mon lit, mon sejour a Bordeaux m'a offert
beaucoup de plaisirs de mon gout, c'est-a-dire point de monde et
beaucoup de courses.
Je n'en ai pas moins eu un plaisir infini a me retrouver chez moi avec
tous ceux que j'aime. Il ne nous manque que vous pour etre
parfaitement heureux.
Nous goutons dans tout son charme le calme de la vie paisible et
retiree; nous n'avons pas d'importuns, pas de faux amis, du moins nous
le croyons ainsi. Nos jours s'ecoulent comme des heures, et sans que
rien pourtant en interrompe l'uniformite. Cette paix profonde est fort
du gout de ma belle-soeur. Hippolyte s'en arrange aussi, parce qu'elle
lui donne une liberte parfaite, qui est son essence. Il monte beaucoup
a cheval. Nous voyons toujours nos anciens amis; mais j'ai retranche
tout doucement beaucoup de mes relations. J'etais tres fatiguee, je
pourrais meme dire ennuyee, de voir autant de monde. Une societe
nombreuse et superficielle n'est pas ce qui me convient, et je crois
que vous etes tout a fait de mon avis, qu'il vaut mieux le coin du feu
qu'un panorama de figures toujours nouvelles qui passent sans qu'on
ait eu le temps d'apprecier leurs qualites et leurs defauts. Je m'en
tiens donc a deux ou trois femmes sur l'amitie desquelles je puis me
reposer, ce qui est deja assez rare. Quant aux hommes, ils n'ont pas
des dehors fort brillants; mais ce sont les meilleures gens du monde;
vous en avez vu un echantillon: notre ami Duteil, qui n'est pas beau
ni elegant, j'en conviens, mais qui a de l'esprit, en revanche, et le
caractere le plus aimable et le plus egal.
Vous nous ave
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