rennes des qu'il sera
refroidi. Mon ami Caron, a qui j'adresse un envoi de meme genre, vous
fera passer ce qui vous revient.
Agreez en meme temps, chere mere, tous mes voeux et mes embrassements
du jour de l'an; ayez une bonne sante, de la gaiete, et venez nous
voir, voila mes souhaits.
Je suis charmee que vous ayez trouve mes confitures bonnes. Je
comptais vous en adresser un second volume; mais mon essai n'a pas ete
aussi heureux que le premier. Entrainee par l'ardeur du dessin, j'ai
laisse bruler le tout et je n'ai plus trouve sur mes fourneaux qu'une
croute noire et fumante qui ressemblait au cratere d'un volcan
beaucoup plus qu'a un aliment quelconque.
Puisque nous sommes sur ce chapitre, je vous dirai que vous avez tres
bien fait de ne rien donner a mon envoye. Il en eut ete tres choque.
Il veut bien se considerer comme _mon ami et mon voisin_, mais non
comme un commissionnaire. Il vous eut dit qu'il etait _ne natif_ de
Nohant, qu'il se rendait mon messager uniquement _par amitie_, mais
qu'il avait _trop de sentiments_, etc. Enfin il vous aurait dit
peut-etre de tres belles choses, mais vous avez bien fait de ne le pas
payer. Il est tres glorieux, je suis sure, de pouvoir dire qu'il nous
a rendu service.
Je ne sais pas si mon projet d'aller a Paris s'effectuera. J'ai meme
tout lieu de croire qu'il ira grossir le nombre immense de projets en
l'air qui sont en depot dans la lune avec tout ce qui se perd sur la
terre. Ma fille est bien petite et bien delicate pour voyager par ce
mauvais temps. Du reste, elle est fraiche et jolie a croquer. Maurice
se porte bien aussi, et vous souhaite une bonne annee; il embrasse son
cousin Oscar. Veuillez, chere maman, etre encore mon remplacant dans
le choix des etrennes a Oscar (ce que je laisse a votre disposition).
Je vous embrasse de toute mon ame, Casimir en prend sa part.
AURORE.
XXIV
A M. CARON, A PARIS
Nohant, 20 janvier 1829.
Il est tres vrai que je suis une paresseuse, mon _digne vieillard_ et
bon ami. Vous savez que je suis de force a me laisser bruler les pieds
plutot que de me deranger, et a vous couvrir une lettre de pates
plutot que de tailler ma plume. Chacun sa nature. Vous n'etes pas mal
_feugnant_ aussi, quand vous vous en melez. Mais ce n'est jamais quand
il s'agit d'obliger; j'ai pu m'en convaincre mille fois, et j'ai meme
honte d'abuser si souvent de votre extreme bonte.
Je vous ai demande dans qu
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