Nobles, bourgeois, vilains. D'un petit
gentillatre Apprenez les dedains.
Ce jeune homme, egare par la _philosophie_[2],
Oubliant, dans sa deraison,
Les usages et le bon ton,
Vexe la bourgeoisie
2
Voyant que, dans la ville, Plus d'un original Tranche de
l'homme habile Et se dit liberal;
A nos tendres moities qui frondent la noblesse
Il crut plaire en donnant un bal
Ou chacun put d'un pas egal
Aller comme a la messe.
3
Un ecorcheur d'oreilles, Ci-devant procureur[3]. Croit faire
des merveilles Avec madame _Orreur_[4].
Sur son piano discord quand l'une nous assomme,
L'autre nous fait grincer des dents,
Le tout pour epargner cinq francs
Au menage econome.
4
Juges et militaires, Medecins, avocats, Chirurgiens et
notoires, Chacun prend ses ebats.
On entendit pourtant plus d'une grande dame,
Pincant la levre et clignant l'oeil,
Murmurer dans son noble orgueil:
"Voyez! quel amalgame!"
5
Guidant la contredanse, Perigny tout en eau, Croyait par sa
prudence Nous dorer le gateau.
L'_avant-deux_ n'etait pas la chose delicate:
Mais, quand on fut au moulinet,
C'est en vain que le sous-prefet
Cria: "Donnez la patte!..."
6
Quand finit ce supplice, Chaque dame aussitot Demande sa
pelisse, Sa bonne et son falot,
Et toutes en sortant se disaient dans la rue,
En retroussant leur falbala:
"Jamais on ne me reprendra
_En pareille cohue_."
7
La semaine suivante Le punch est prepare, La maitresse est
brillante, Le salon est cire.
vint trois invites de chetive encolure.
Dans la ville on disait: "Bravo!
On donne un bal _incognito_
A la sous-prefecture!"
[1] Village de potiers pres de Nohant.
[2] Pernigy.
[3] Duteil.
[4] Aurore.
XXV
A MADAME MAURICE-DUPIN, A PARIS
Nohant, 8 mars 1829.
Ma chere maman,
Il y a bien longtemps que je veux vous ecrire; mais il a fallu que le
careme arrivat pour m'en laisser le temps. Jamais a Paris on ne mena
une vie plus active et plus dissipee que celle
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