oi, ou tout le
fruit de mon energie serait perdu et j'aurais fourni des armes contre
moi-meme.
J'eprouve un autre chagrin tres vif: c'est de n'avoir pas une obole
dont je puisse disposer maintenant. Si j'etais a Paris, je vous
trouverais de l'argent dans la journee. Je vendrais mes effets plutot
que de ne pas vous rendre un service; mais, ici, que faire? Je suis
dans une position delicate envers mon mari. Je lui dois; c'est-a-dire
que je suis en avance de la pension qu'il me fait. Cela ne m'a pas
empechee de lui adresser une demande, aussitot votre lettre recue.
J'ai eprouve un refus assez poli, mais tres decisif. Plaignez-moi, je
ne maudis mon defaut d'ordre jamais autant que lorsqu'il m'empeche de
servir l'amitie! Cependant, si vous ne pouvez trouver d'argent
ailleurs, je tacherai d'en emprunter sans qu'on le sache, quoique je
sois deja criblee de dettes, que j'acquitterai, Dieu sait comment!
Repondez-moi immediatement, _poste restante a la Chatre_.
Mes affaires domestiques s'eclaircissent. Mon frere me soutient un peu
et m'offre son appartement a Paris jusqu'au mois de mars. Pendant ce
temps, il restera ici avec sa femme. A cette epoque, je reviendrai et
je passerai quelque temps a Nohant pour vous y installer. Je partirai
pour Paris des que serai retablie. Je suis encore tres souffrante. Si
vous pouvez venir passer une journee a Chateauroux, je vous
previendrai, afin que nous puissions causer a mon passage en cette
ville.
Adieu, mon cher enfant; je suis encore assez faible, mais j'ai assez
de tete et de coeur pour sentir vivement ce que vous faites pour moi.
Vous aurez beau vous defendre de mes benedictions avec votre rudesse
spartiate, je vous poursuivrai jusqu'a la mort de mes remerciements et
de mon ingratitude. _Prenez-le comme vous voudrez_, comme dit mon
vieux cure.
Bonsoir donc, mon cher fils; parlez de moi a votre mere. Dites-lui que
je la venere sans la connaitre, ou plutot que je la connais tres bien
sans l'avoir vue. Certes, je voudrais qu'elle me connut aussi et
qu'elle sut combien son enfant m'est cher.
XLIX
AU MEME
(En cas d'absence: _a Paris,
Boulevard Poissonniere_, n deg. 20.)
Nohant, 27 decembre 1830.
Qu'etes-vous donc devenu mon cher enfant? Ou etes-vous? Pourquoi ne me
donnez-vous pas signe de vie? Je suis vraiment inquiete. Dans un
moment de crise comme celui que j'ai traverse, j'aurais eu besoin de
votr
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