que vous me rendrez
service en me les faisant passer.
Adieu, mon cher Jules; donnez-moi toujours de vos nouvelles. Tout le
monde ici vous fait amitie.
Maurice vous embrasse.
[1] Thomas Aucante, vacher de la ferme de Nohant.
[2] Jacques Soulat, ancien grenadier de la garde imperiale, paysan
dans le village de Nohant.
XXXVIII
AU MEME
Nohant, 22 mars 1830.
Je suis fort contente de votre lettre, mon cher enfant. Avant tout, je
veux vous dire de venir me voir avant de retourner a Paris. Il faut
meme vous arranger de maniere a passer quelque temps chez nous. Les
enfants ecrivent assez bien pour que vous leur appliquiez la methode
d'orthographe dont vous m'avez parle. Ne le voulez-vous pas? Vous
savez le plaisir que vous me ferez en acceptant ma proposition.
Vous convenez de trop bonne grace de tous _vos torts_, je ne puis vous
gronder bien haut. Mais un defaut qu'on avoue n'est qu'a moitie
corrige. Il faut mettre la main a l'oeuvre et s'en debarrasser au plus
tot. Dans votre autre lettre, vous doutiez de ma patience.
Vous ne vous trompez guere. J'en ai une inepuisable pour certaines
contrarietes et pour les douleurs physiques; mais, en ce qui concerne
Maurice, je n'en ai pas du tout. Ce serait pourtant bien le cas ou
jamais d'en avoir. Je prends tellement a coeur ses progres, que je me
desespere promptement, et j'ai bien tort. Je disais aussi, comme vous,
que cela tient a ma constitution, au climat, a la digestion, etc.
Pourtant, ce serait une pauvre defaite, puisqu'il est beaucoup
d'occasions ou je reussis a dompter l'emportement de mon caractere. Ce
qu'on a pu une fois, on le peut plus d'une fois, et l'habitude le fait
pouvoir presque toujours. J'espere en venir la pour mes impatiences,
de meme que vous avec votre apathie. La douceur m'est necessaire pour
faire quelque chose de mon fils; un stimulant vous l'est aussi pour
faire quelque chose de vous-meme. L'education de Maurice commence, la
votre n'est pas finie. Si vous y consentez, je vous donnerai votre
tache quand vous serez ici, et je vous autorise a vous moquer de moi
quand vous me verrez en colere. Mais deja je me suis beaucoup amendee.
Le second paragraphe de votre reponse n'est pas clair. Vous me
promettez de me l'expliquer dans un an; a la bonne heure!
Le troisieme est un raisonnement si l'on veut. Il vous suffira de le
relire pour voir comme il est solide. Vous dites: "Je suis franc,
parce q
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