isons aussi beaucoup de musique.
Adieu, chere maman; rappelez-moi a l'amitie du vicomte. Maurice est
mince comme un fuseau, mais droit et decide comme un homme. On le
trouve tres beau, son regard est superbe.
[1] Oscar Cazamajou, son petit-fils.
XII
A M. CARON, A PARIS
15 novembre, 1828.
Je n'ose pas dire, mon bon reverend, que j'ai bien du regret de ne
vous pas voir. Ce serait etre egoiste que de s'affliger de vos succes.
Mais, sauf la joie bien vraie que j'eprouve a vous voir satisfait et
dont vous ne pouvez pas douter, il m'est bien permis, a part moi,
d'etre fachee de votre absence, et de regretter votre aimable
personne.
J'ai l'espoir que vous n'oublierez point notre sincere affection dans
le cours de vos prosperites, et que, quand vos affaires vous
laisseront quelque repit, vous viendrez passer ici ce temps de
liberte, dormir la grasse matinee, flaner avec l'ami Duteil et faire
jurer Casimir en le gagnant aux echecs.
Vous avez ici votre appartement, votre nourriture, eclairage,
_blansissage_, etc., moyennant la somme modique de deux francs
cinquante centimes par semaine, et, de plus, vous aurez ce qui ne
s'achete pas, des coeurs qui vous aiment bien veritablement.
Cette lettre vous sera remise par votre ami Duteil, qui, je crois, a
le projet de vous demander de le prendre en pension pour trois
semaines. C'est un compagnon aimable, et c'est pour la meme raison
qu'il desire loger avec vous, si vous le trouvez bon.
Adieu, mon venerable octogenaire. Que votre _barque_ vogue au gre de
vos desirs! C'est ce que je vous souhaite, au nom du Pere, etc.
Je vous embrasse de tout mon coeur, et desire que vous terminiez
heureusement et vite afin de revenir nous voir.
AURORE.
Comment va la grosse Pauline[1]? Embrassez-la de ma part et de celle
de Maurice. On dit que vous avez une nouvelle Corinne pour cuisiniere,
je vous en fais mon compliment.
[1] Niece de Caron.
XXIII
A MADAME MAURICE DUPIN, A PARIS
Nohant, 27 decembre 1828.
Mon garde champetre, qui est mon fournisseur et mon pourvoyeur, et
qui, de plus, est ancien voltigeur et bel esprit, a fait ce matin, ma
chere maman, une assez belle chasse. Je fais mettre des demain ma
cuisiniere a l'oeuvre, et, quoiqu'elle ait beaucoup moins de genie que
le garde champetre, j'espere qu'elle en aura assez pour confectionner
un bon pate que je vous enverrai pour vos et
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