, mon cher enfant. J'ai eu bien du chagrin
de voir que tu as ete malade: tu avais mange un peu trop de chocolat,
je me le rappelle. N'en mange donc plus; soigne-toi bien. J'espere que
tu m'ecriras bientot que tu es tout a fait gueri.
Sois sur, mon petit amour, que j'ai eu aussi beaucoup de chagrin de te
quitter et que je serai bien heureuse de te revoir. J'aurais mieux
aime t'emmener que de venir toute seule a Paris, tu le sais bien; mais
tu ne te serais guere amuse ici. Tu n'aurais pas ete si bien qu'a
Nohant, ou tout le monde t'aime et s'occupe de toi.
Bientot tu auras Boucoiran, qui t'aime bien aussi et qui te fera
travailler, sans te fatiguer. Tu dois bien savoir qu'il n'est pas
mechant; il ne faut pas que tu aies du chagrin pour cela. Quand tu
travailles bien, tu sais comme on te caresse et comme tout le monde
est content; ton papa et ta maman surtout, qui seraient si heureux de
te voir bien savant et bien aimable! Sois donc bien doux et bien gai;
joue, mange, cours, ecris-moi et aime-moi toujours bien.
Adieu, mon cher enfant; je t'embrasse mille fois.
Ta maman.
Parle-moi de ta petite soeur et embrasse-la pour moi.
LII
AU MEME
Paris, 10 janvier 1831
Je suis inquiete de toi, mon cher enfant. Tu m'as ecrit pour me dire
que tu avais ete malade; ne l'es-tu pas encore? Si je ne recois pas de
tes nouvelles aujourd'hui, j'aurai bien du chagrin. Ecris-moi donc
exactement deux fois par semaine, je t'en prie; si tu es malade, prie
ton papa ou ton oncle de m'ecrire. Pour moi, je me porte bien et je
cours beaucoup; mais je n'ai pas encore ete au spectacle, parce que je
travaille le soir. J'ai ete trois fois chez ta bonne maman Dudevant
sans pouvoir la trouver. Il parait qu'elle sort souvent. Je lui ai
laisse ta lettre, et j'y retournerai aujourd'hui.
J'ai deja marchande ton habit de garde national, il sera bien joli,
j'y joindrai un schako avec une flamme rouge. Je voudrais que tu
pusses voir les hussards d'Orleans. Tu aurais bien envie d'etre
habille comme eux. Ils ont une veste gris bleu garnie de mouton noir
et un pantalon rouge; le plumet est noir, il n'y a rien de plus
elegant.
J'ai vu M. Blaize[1] qui m'a bien demande de tes nouvelles. Dis a ton
papa de dire a madame Decerf que j'ai fait sa commission. Dis-lui
aussi de me donner des nouvelles de madame Duteil. Je n'ai pas encore
le temps d'ecrire des lettres. Je n'ecris qu'a toi.
Embrasse bien ton papa pou
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