plus de leur solidite que de la clarte du soleil. Et
pourtant, depuis son depart (au mois d'aout), il n'a pas donne signe
de vie a la famille. Quand on questionne _l'autre,_ reste a Paris et
qui est (je le crains bien, entre nous) l'amant en titre de la mere,
il repond des balivernes. Je suppose que le _monsieur_ etait sincere
aux pieds de la jeune fille. Comment eut-il pu ne pas l'etre? Elle est
charmante de tous points. Mais, une fois eloigne d'elle, la froide
raison,--des raisons d'interets sans doute, car on m'assure qu'il a de
la fortune, et elle n'a rien,--les parents, la legerete, l'absence, un
parti plus avantageux, que sais-je? la jolie et douce enfant est
oubliee sans doute. Dans l'ignorance de son coeur, elle le pleurera
comme s'il en valait la peine. _Si jeunesse savait_! Quoi qu'il
arrive, je vous remercie de vos lumieres et je vous tiendrai au fait
des evenements. J'abrege sur cet article, car j'ai bien autre chose a
vous dire.
Sachez une nouvelle etonnante, surprenante... (pour les adjectifs,
voyez la lettre de madame de Sevigne, que je n'aime guere, quoi qu'on
dise!), sachez qu'en depit de mon inertie et de mon insouciance, de ma
legerete a m'etourdir, de ma facilite a pardonner, a oublier les
chagrins et les injures, sachez que je viens de prendre un _parti
violent_. Ce n'est pas pour rire, malgre le ton de badinage que je
prends. C'est tout ce qu'il y a de plus serieux. C'est encore la un de
ces secrets qu'on ne confie pas a trois personnes. Vous connaissez mon
interieur, vous savez s'il est tolerable. Vous avez ete etonne vingt
fois de me voir relever la tete le lendemain, quand la veille on me
l'avait brisee. I1 y a un terme a tout. Et puis les raisons qui
eussent pu me porter plus tot a la resolution que j'ai prise,
n'etaient pas assez fortes pour me decider, avant les nouveaux
evenements qui viennent de se produire. Personne ne s'est apercu de
rien. Il n'y a pas eu de bruit. J'ai simplement trouve un paquet a mon
adresse, en cherchant quelque chose dans le secretaire de mon mari. Ce
paquet avait un air solennel qui m'a frappee. On y lisait: _Ne
l'ouvrez qu'apres ma mort._
Je n'ai pas eu la patience d'attendre que je fusse veuve. Ce n'est pas
avec une tournure de sante comme la mienne qu'on doit compter survivre
a quelqu'un. D'ailleurs, j'ai suppose que mon mari etait mort et j'ai
ete bien aise de voir ce qu'il pensait de moi durant sa vie. Le paquet
m'etant adresse, j'avais le droit de l'ouvri
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