s deserts
brulants et des hordes d'anthropophages, apres une navigation de cinq
minutes sur la Dordogne, pendant laquelle nous avons couru plus de
perils et supporte plus de maux que la Perouse dans toute sa carriere,
nous sommes arrives, frais et dispos, en la ville de Bordeaux, presque
aussi belle qu'un des faubourgs de la Chatre, et ou je me trouve fort
bien; regrettant neanmoins, vous d'abord, mon ami, puis votre
tabatiere, puis les deux lilas blancs qui sont devant mes fenetres, et
pour lesquels je donnerais tous les edifices que l'on batit ici.
... Adieu, mon honorable camarade, soutenons toujours de nos lumieres,
et de cette immense superiorite que le ciel nous a donnee en partage
(a vous et a moi), la cause du bon sens, de la nature, de la justice,
sans oublier la morale, la culture libre du tabac et le regime de
l'egalite.
Rappellez-moi au souvenir d'Agasta[9]. Quant a vous, frere, je vous
donne l'accolade de l'amitie et vous prie de vous souvenir un peu de
moi.
Helas! loin de la patrie, le ciel est d'airain, les pommes de terre
sont mal cuites, le cafe est trop brule.
Les rues, c'est de la separation de pierres; cette riviere, c'est de
la separation d'eau; ces hommes, de la separation en chair et en os!
Voyez Victor Hugo.
AURORE
[1] Alexis Pouradier-Duteil, avocat a la Chatre, puis president a la
Cour d'appel de Bourges, apres avoir occupe les fonctions de
procureur general aupres de cette meme cour.
[2] Pierre Moreau, jardinier.
[3] Thomas Aucante, vacher.
[4] Jument de George Sand.
[5] Chien de garde.
[6] Cuisiniere.
[7] Chien des Pyrenees.
[8] Proprietaire a la Chatre.
[9] Madame Duteil.
XXVII
A M. CARON, A PARIS
Bordeaux, 4 juin 1829.
Aimable, estimable, respectable et venerable octogenaire; c'est pour
avoir l'_avantage_ de savoir des nouvelles de votre chancelante et
precieuse sante que la presente vous est adressee par votre fille
soumise et subordonnee. Comment traitez-vous ou plutot comment vous
traite la goutte, le catharre, la crachomanie, la prisomanie, la
mouchomanie, en un mot le cortege innombrable des maux qui vous
assiegent depuis tantot quarante-cinq ans que j'ai le bonheur de vous
connaitre? Fasse le ciel, o digne vieillard, que vous conserviez le
peu de cheveux et les deux ou trois dents qui vous restent, comme vous
conserverez, jusqu'a la mort, le sentiment, et le devouement de tous
ceux qui vous e
|