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retire a neuf heures, et, moi, je vais ecrire ou dessiner dans mon cabinet, tandis que mes deux marmots ronflent a qui mieux mieux. Solange est superbe de graisse et de fraicheur. Je doute qu'elle soit jolie: elle a la bouche grande et le front saillant; mais elle a de jolis yeux, un petit nez et la peau comme du satin. Je crois que ce sera une bonne gaillarde berrichonne. Maurice travaille bien. Il ecrit l'orthographe passablement et son caractere gagne beaucoup. Leontine est aussi tres gentille; enfin, notre menage va au mieux, mais je crains que nous ne soyons forces de nous separer bientot. Hippolyte est a Paris depuis quelques jours, il devait y passer une quinzaine et revenir; a present, il nous mande qu'il sera force d'y rester tout a fait, a cause de l'obligation de faire partie de la garde nationale. Les troubles frequents qui eclatent a Paris contraignent ce corps a une grande activite. C'est un devoir d'homme d'en faire partie dans un temps d'agitations et de desordres civils. Il a vu Pierret, qui venait de monter trente heures de garde; il etait sur les dents. Si mon frere ne peut revenir de l'hiver, probablement sa femme voudra l'aller rejoindre. Je verrais cette separation avec regret; l'habitude nous avait deja rendus necessaires les uns aux autres; du moins, je le sens ainsi pour ma part; c'est un besoin pour moi de m'attacher a ceux qui m'entourent. Pardon de mon bavardage et de mon barbouillage. A propos, vous occupez-vous toujours de peinture, distraction agreable dont vous vous tirez fort bien? Le mot _barbouillage_, que je fais suivre d'un _a propos_ assez impertinent, ne peut s'appliquer qu'a moi. Je fais des fleurs qui ont l'air de potirons, mais ca m'amuse. Adieu, ma chere petite mere; je vous embrasse de toute mon ame. Emilie, mon mari et les enfants se joignent a moi et vous chargent d'embrasser Caroline, Oscar et Cazamajou. [1] Madame Hippolyte Chatiron. XLV A M. CHARLES DUVERNET, A PARIS EPITRE ROMANTIQUE A MES AMIS Nohant, 1er decembre 1830. De meme que ces enfants naifs et deguenilles que l'on voit sur les routes, armes de ces ingenieux paniers que leurs petites mains ont tresses, apres en avoir ravi les materiaux a l'arbuste flexible qui croit dans ces vignes que l'on voit ceindre les collines verdoyantes de l'Indre, ramassent, pour engraisser le jardin paternel, les immondices nutritives et fecondes (je ne sais pas preciseme
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