e amitie, de vos encouragements. Vous ne m'avez ecrit qu'un tres
petit mot. Il est vrai qu'il renfermait bien des choses. Depuis, je
vous ai ecrit, pour vous dire tout le bien que vous m'aviez apporte.
Je vous en remerciais dans l''effusion de mon coeur. Votre modestie
farouche s'est-elle offensee de quelques-unes de mes expressions?
Apres ce qui m'est arrive, j'ai sujet de trembler. Peut-etre est-ce la
raison de votre silence. Vous craignez peut-etre de tomber dans les
mains des infideles. Rassurez-vous. Maintenant madame Decerf ne remet
mes lettres qu'a moi, et celles qui me sont adressees _poste restante_
sont doublement assurees de me parvenir. Peut-etre aussi etes-vous a
Paris? Je ne vois personne qui puisse me dire ou est la famille du
general. Je suis tourmentee de ne rien savoir et de tout apprehender.
N'etes-vous pas malade? Me boudez-vous? et pourquoi? Enfin qu'y
a-t-il?
Je pars le 4 janvier pour Paris. Si vous etes a la Leuf, ne pourrai-je
vous voir un instant a Chateauroux? Si vous me repondez
affirmativement, je partirai d'ici le matin, afin de passer une partie
de la journee avec vous; sinon, je ne ferai que traverser Chateauroux.
Adieu mon cher enfant; ma sante est mediocrement retablie. Mon
interieur est calme.
L
A MAURICE DUDEVANT, A NOHANT
Paris; janvier 1831
Mon cher enfant,
Je suis arrivee bien lasse! J'ai ete obligee de m'arreter quelques
heures a Orleans. La chaise de poste ne fermait pas, j'etais glacee.
Je ne suis arrivee a Paris qu'a minuit. J'etais bien embarrassee de ma
voiture, parce qu'il n'y a pas de cour dans la maison que j'habite et
que je ne pouvais pas la laisser passer la nuit dans la rue. Enfin je
l'ai fourree a l'hotel de Narbonne[1]. Je me suis rechauffee, reposee;
j'ai arrange et termine pour le mieux une affaire qui m'occupait
beaucoup. Maintenant je vais faire mon demenagement, me reposer
encore; et puis je retournerai vers toi, mon petit mignon, dans huit
jours au plus.
Embrasse ton papa et ta grosse mignonne pour moi. Tu m'avais promis de
m'ecrire tout de suite; ecris-moi donc, petit drole. Je n'ai pas
encore eu le temps de voir ton oncle. Je pense que je le verrai
aujourd'hui.
Adieu, mon cher mignon. Je t'embrasse mille fois.
Ta mere.
Que faut-il que je t'apporte?
[1] Propriete de George Sand, a Paris
LI
AU MEME
Paris, 8 janvier 1831
J'ai recu ta petite lettre
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