que vous puissiez etre, je vous promets de n'etre jamais en reste avec
vous. Je vous tiens quitte des compliments.
Pauvre Fleury! accouchez donc vite de ce fatal cholera-morbus, prenez
du tabac a fortes doses, il partira dans les eternuements.
Et vous, jeune Chariot, au milieu des tumultueux plaisirs de cette
ville de bruit et de prestiges, n'oubliez pas la plus ancienne, de vos
amies.
Une poignee de main a tous les trois, quoique Rochou-Daubert _n'aime
pas cela dans une femme_.
AURORE D.
[1] Coiffeur a la Chatre.
[2] Autre coiffeur a la Chatre.
XLVI
A M. CHARLES DUVERNET, A PARIS
Nohant, 1er decembre 1830.
_Reclamation adressee par Brave, chien des Pyrenees, originaire
d'Espagne,_ garde de nuit _de profession, decore du collier a pointes,
du grand cordon de la chaine de fer et de plusieurs autres ordres
honorables._
_A Messieurs Fleury (dit le Germanique) et Duvernet (Charles), pour
offense a la personne dudit Brave et diffamation gratuite aupres de sa
protectrice, dame Aurore, chatelaine de Nohant et de beaucoup de
chateaux en Espagne, dont la description serait trop longue a
mentionner_.
Messieurs,
Je ne viens point ici faire une vaine montre de mes forces physiques
et de mes vertus domestiques. Ce n'est point un mouvement d'orgueil,
assez justifie peut-etre par la purete de mon origine, et le
temoignage d'une conduite irreprochable, qui m'engage a mettre la
patte a la plume, pour refuter les imputations calomnieuses qu'il vous
a plu de presenter a mon honoree protectrice et amie, dame Aurore, que
j'ai fidelement accompagnee et gardee jusqu'a ce jour; a cette fin de
detruire la bonne intelligence qui a toujours regne entre elle et moi,
et de lui inspirer des doutes sur mes principes politiques.
Il me serait facile de mettre au jour des faits qui couvriraient de
gloire l'espece des chiens, au grand detriment de celle des hommes. Il
me serait facile encore de vous montrer deux rangees de dents, aupres
desquelles les votres ne brilleraient guere, et de vous prouver que,
quand on veut mordre et dechirer, il n'est pas prudent de s'adresser a
plus fort que soi.
Mais je laisse ces moyens aux esprits rudes et grossiers qui n'en ont
point d'autres. Je dedaigne des adversaires dont la defaite ne me
rapporterait point de gloire, et dont je viendrais aussi facilement a
bout que des chats que je surprends a vagabonder la nuit autour du
poulailler, au lie
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