litique et d'elections, que je comprends fort
peu, mais qu'il faut avoir l'air de comprendre sous peine
d'impolitesse, et devant qui il faut sembler s'interesser
prodigieusement au succes de choses dont on entend parler pour la
premiere fois. Casimir avait l'air tout ce temps d'un chef de parti;
et, grace a ses efforts, des deputes parfaitement liberaux ont ete
nommes dans tous les colleges environnants. J'en suis charmee, et je
le suis encore davantage de voir cette corvee terminee et de ne plus
voir la fievre sur tous les visages.
Casimir m'a dit que vous aviez ete malade, mon cher Caron. Donnez-nous
de vos nouvelles; vous nous oubliez tout a fait, et vous avez tort;
car vous avez toujours en nous de vrais et fideles amis.
Ne craignez donc aucun refroidissement de notre part: ma mauvaise
sante et les ennuyeuses elections ont ete la seule cause de mon long
silence. Casimir m'a dit que vous aviez eprouve beaucoup de chagrins.
Quelle qu'en soit la cause, croyez que je les partage du fond du coeur
et qu'ils ne me trouveront jamais indifferente.
Voici l'ami Dutheil et le beau docteur[1] qui me chargent de vous
assurer de leur amitie et me forcent de vous dire adieu. Mais,
auparavant, nous nous reunissons en corps pour vous prier de venir
vous reposer ici de tous vos ennuis et boire sur eux le fleuve
d'oubli, compose de vin de Champagne dont Casimir a decouvert une
nouvelle source dans sa cave.
Je crois que je serai obligee d'aller passer une huitaine a Paris pour
consulter sur ma sante. Vous seriez bien aimable de me ramener ici et
d'y passer une partie de l'hiver. Vous etes bien sur que j'emmenerai
Pauline.
Adieu, mon cher _Latreille_; je vous embrasse de tout mon coeur et
compte que vous accueillerez ma proposition favorablement.
AURORE.
[1] Charles Delaveau.
XVIII
A M. CARON, A PARIS
Nohant, 1er avril 1828.
Mon cher Caron,
Il y a bien longtemps que je veux vous ecrire; mais mon Maurice a ete
si malade pendant tout l'hiver, et moi, j'ai ete si tourmentee de ses
maux et des miens, que je n'ai donne signe de vie a personne; ce dont
je recois de vifs reproches de tous cotes.
Quoique vous y mettiez plus d'indulgence que les autres, en ne me
grondant pas, je ne veux pas abuser plus longtemps de votre
_longanimite_, et je viens enfin vous dire que je ne vous ai point
oublie; car nous parlons de vous bien souvent, avec mon mari et nos
amis de la Chatre, qui
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