es de son caractere, de me
refroidir sous ce pretexte, mais effectivement de ceder a toutes ces
considerations d'amour-propre et d'egoisme qui font qu'on rapporte
tout a soi, et qu'on devrait fouler aux pieds.
St... me sera toujours cher, quelque malheureux qu'il soit. Il l'est
deja, et plus il le deviendra, moins il inspirera d'interet, telle est
la regle de la societe. Moi, du moins, je reparerai autant qu'il sera
en moi ses infortunes. Il me trouvera quand tous les autres lui
tourneraient le dos, et, dut-il tomber aussi bas que l'aine de ses
freres, je l'aimerais encore par compassion, apres avoir cesse de
l'aimer par estime;--ceci n'est qu'une supposition pour te montrer
quelle est mon amitie;--car on ne soupconne pas de veritables torts a
ceux qu'on aime, et je suis loin de me preparer a recevoir ce nouveau
deboire de le voir s'abaisser. Mais il restera dans la misere. De
tristes pressentiments m'avertissent que ses efforts pour s'en retirer
l'y plongeront plus avant. Ce sera un grand tort aux yeux de tous,
excepte aux miens.
Tu penses absolument comme moi a cet egard, puisque tu m'exhortes a ne
lui pas retirer mon attachement. Tu peux etre tranquille. Quant a toi,
ce n'est pas tant de ses folies que tu es choque que de l'aveuglement
qui lui fait preferer ses faux amis aux vrais. Je ne te blame point de
cette impression. Je te demande seulement de la moderer par un
sentiment de bonte et d'indulgence qui t'est naturel et qui te fera
continuer tes bons offices, soit qu'il les accueille bien ou mal. S'il
les meconnait, ce sera par faussete de jugement, jamais par vice de
coeur.
Si j'etais homme, avec la volonte que j'ai de le servir, je repondrais
de lui. Mais, femme, ce que je saurais obtenir de lui devient presque
nul par la difference de sexe, d'etat, et mille autres choses qui
viennent a la traverse de mes bons desseins. Entraves cruelles que mon
amitie maudit, mais qu'elle respecte, parce qu'il n'est donne qu'a
l'amour. tout faible et inferieur qu'il est a l'autre sentiment, de
les rompre.
XIV
A MADAME MAURICE DUPIN, A PARIS
Nohant, 5 juillet 1827.
Pourquoi donc ne m'ecrivez-vous pas, ma chere maman? Etes-vous malade?
Si cela etait, je le saurais probablement, Hippolyte ou Clotilde me
l'auraient ecrit. Mais, depuis le 24 mars, pas un mot de vous!
Vous m'oubliez tout a fait, et me ferez regretter de ne pas habiter
Paris, si les absents ont si peu de part a v
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