nt abstraction des individus,
pour resumer ce qu'ils ont de commun; et ce qu'ils ont de commun ne peut
etre percu par les sens hors d'eux-memes. Les idees de genre et d'espece
ne sont donc ni des souvenirs directs de sensations, ni seulement des
souvenirs de sensations, quoiqu'elles contiennent des souvenirs de
sensations. Elles comprennent plus que les sens n'en ont vu.
Ainsi, meme pour ceux qui n'admettent pas d'autres elements dans les
idees abstraites ou de qualite et dans les idees universelles ou de
genre et d'espece que la sensation rappelee, decomposee, generalisee,
ces idees renferment quelque chose de non senti et quelque chose de non
sensible. Elles ne sont pas de pures idees des choses sensibles. Il y a
dans les idees de genre et d'espece, non-seulement l'idee abstraite
de qualite; mais encore une induction qui conclut de l'experience
a l'existence des qualites semblables dans les individus reels ou
seulement possibles autres que ceux qu'on a pu observer; et cette
induction s'appliquant ou pouvant s'appliquer a ce qu'on n'a jamais vu,
a ce qu'on ne verra jamais, a ce qu'on ne saurait voir, il s'ensuit que,
dans ces idees, il y a deja la conception de l'invisible.
Une psychologie un peu severe y verrait bien autre chose, et dans
la formation des idees de genre et d'espece, dans celle des idees
abstraites, dans la notion meme des individus observes, elle demelerait
et constaterait bien d'autres idees, fruits de l'intelligence, et qui ne
correspondent a rien d'individuel ni de sensible. Telles sont les idees
d'etre, de substance, d'essence, de nature, etc. Telles sont encore
celles de cause, d'action, etc. La encore se trouveraient des idees de
choses non sensibles, dont la theorie de l'abstraction, telle que nous
venons de la rappeler, ne suffirait pas a expliquer l'origine. Pour la
production de ces idees, des philosophes ont admis une sorte d'induction
particuliere; et, dans tous les cas, comme elles ne sont pas des idees
de pures qualites ni de genre et d'espece, ce sont des idees abstraites
d'une nouvelle classe, idees encore plus abstraites, c'est-a-dire encore
plus eloignees des reelles substances individuelles, que les autres
idees placees jusqu'ici hors du cercle des idees sensibles.
Enfin, il est des choses substantielles et reelles qui, bien
qu'inaccessibles aux sens, sont l'objet de la pensee. Dieu n'est pas
une qualite, un genre, une espece; c'est le nom et l'idee d'un etre
determine, reel, et
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