substances que celles-ci,
et qu'elles sont plus ou moins Universelles, tandis que les substances
premieres sont individuelles.]
[Note 61: _De Syll. hyp._, p, 607.]
Mais alors ni les genres ni les especes, tant universelles que
singulieres, tant predicats que sujets, ne sont des mots; tout cela
n'est rien du tout, car ils tiennent, comme leur adversaire, que ce qui
est successif ne peut aucunement composer un tout constant; or les mots
sont successifs, les choses et les especes ne peuvent donc pas composer
des touts, elles ne sont rien; aussi dit-on que l'autorite a menti et
non qu'elle s'est trompee.
En outre, comme la statue est materiellement d'airain, et que la
figure est sa forme, l'espece a le genre pour matiere et pour forme la
difference. Or tout cela ne saurait s'appliquer aux mots; les mots n'ont
ni forme ni matiere. L'animal est le genre de l'homme, mais un mot n'est
nullement la matiere d'un autre mot, car de quel mot ou dans quel mot
serait-il? Du mot animal ne se fait pas le mot homme; dans le premier
n'est pas le second.
Mais on pretend que tout cela est facon de parler figurative. Dire
que le genre est la matiere de l'espece, reviendrait a dire que la
signification du genre est la matiere de la signification de l'espece.
Mais puisque le systeme est que rien n'existe que les individus, et que
les mots tant universels que particuliers ne designent au fond que des
individus, homme et animal signifient la meme chose, et par consequent
on peut dire, en renversant les termes: la signification de l'espece est
la matiere de la signification du genre. Si l'on accorde cela, et on
y est bien force, qu'on se defende contre Boece, qui montre que la
difference du genre au tout git en ceci que le genre est la matiere des
especes et les parties la matiere du tout[62]. Que si les especes sont
la matiere des genres comme les parties du tout, le genre et le tout ne
different plus, ils se confondent.
[Note 62: Boeth., _De Div_., p. 640.]
Enfin, la signification du genre ne saurait etre la matiere de la
signification de l'espece, car le genre et l'espece sont une meme chose
dans le systeme de l'indifference, et un meme ne recoit pas de forme
pour se constituer lui-meme. "Mais," dit Boece, "le genre ayant recu la
difference se transforme en espece[63]." Un meme n'est point partie de
lui-meme, car si le meme etait a la fois tout et partie, le meme serait
oppose a lui-meme.
[Note 63: _Id., Ibid_.]
Voila tout
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