laton; et cette pensee, on
l'applique des especes aux individus et des genres aux especes.
"Mais, s'il en est ainsi, qui peut faire que Socrate ne soit pas en
meme temps a Rome et a Athenes? En effet, ou est Socrate, la est
aussi l'homme universel qui a dans toute sa quantite recu la forme
de la _socratite_, car tout ce que recoit la chose universelle elle
le garde dans toute sa quantite[29]. Si donc la chose universelle
affectee tout entiere de la _socratite_ est dans le meme temps a
Rome tout entiere en Platon, il est impossible que dans le meme
temps n'y soit pas la _socratite_, qui contenait l'essence tout
entiere; or, partout ou la _socratite_, est dans un homme, la est
Socrate, car Socrate est l'_homme socratique_. Un esprit raisonnable
n'a rien a opposer a cela[30].
[Note 29: C'est cette proposition qui fait le nerf de l'argument;
aussi M. Cousin l'a-t-il attaquee, et il a fait remarquer que plus
d'une substance, le moi par exemple, peut prendre plusieurs formes,
mais successivement, et en etant tout entiere dans chacune de ses
manifestations, ne pas les garder a toujours ni s'identifier avec
elles. Cela est vrai; mais le moi n'est pas universel, il est au
contraire une individualite rigoureuse, et ses manifestations ou
modes ne sont pas des formes essentielles. La proposition d'Abelard:
"L'universel (l'essence universelle) contracte et retient dans
sa totalite tout ce qu'elle recoit," est vraie hypothetiquement,
c'est-a-dire dans l'hypothese de Guillaume de Champeaux, et si
l'essence universelle est integralement dans chaque individu. Elle
devient fausse, si l'on admet que l'essence de l'espece n'est pas
identique, mais semblable dans chaque individu; mais ce n'est plus
la, suivant Abelard, la supposition du realisme absolu. (Cousin,
Introd., p. cxxxvi.)]
[Note 30: Aristote en juge comme Abelard: "Il est impossible, selon
nous, qu'aucun universel, quel qu'il soit, soit une substance. Et
d'abord, la substance premiere d'un individu, c'est celle qui lui
est propre, qui n'est point la substance d'un autre. L'universel,
au contraire, est commun a plusieurs etres; car ce qu'on nomme
universel, c'est ce qui se trouve, de la nature, en un grand nombre
d'etres. De quoi l'universel sera-t-il donc substance? il l'est de
tous les individus ou il ne l'est d'aucun; et qu'il le s
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