un
manuscrit du fonds de Saint-Germain-des-Pres. (Introd., p. xiv et
xviii.)]
[Note 27: Cousin, _Fragm. philos_., t. III, Append. ix, p. 494.]
Mais enfin, comme les genres et les especes sont l'origine et le fond
veritable de la question, et comme nous possedons sur ce point un
fragment etendu, etudions-le d'abord dans tous ses details. Il commence
ainsi[28]:
[Note 28: Ouvr. ined., _De Gener. et Spec._, p. 518-519.]
"Sur les genres et les especes, les opinions sont differentes. Les
uns, en effet, affirment que les genres et les especes ne sont que
les mots, lesquels sont generaux ou particuliers, et ils ne leur
assignent aucune place parmi les choses; les autres, au contraire,
disent qu'il y a des choses generales et des choses speciales,
d'universelles et de particulieres, mais ceux-ci memes se divisent
entre eux: quelques-uns disent que les singuliers individuels (les
individus) sont especes et genres, genres subalternes et genres
generalissimes (predicaments), consideres de telle ou telle facon;
d'autres, au contraire, imaginent certaines essences universelles
qu'ils croient etre tout entieres essentiellement dans chaque
individu."
Ce bref expose separe d'abord le nominalisme et le realisme, puis
dans le realisme distingue deux opinions: l'une, qui n'admet que
des individus, voit dans les individus des universaux consideres et
restreints d'une certaine maniere et plus ou moins particularises;
c'est l'opinion que Jean de Salisbury prete aux partisans de Gautier
de Mortagne. L'autre admet, independamment des individus, des essences
universelles qui resident entierement en chacun d'eux, et c'est
l'opinion, l'opinion premiere et fonciere de Guillaume de Champeaux.
Abelard entreprend l'examen de ces opinions, en commencant par la
derniere, dont il donne le developpement.
"De toutes ces opinions, recherchons ce qui peut raisonnablement
subsister, et d'abord enquerons-nous de cette pensee qui se pose
ainsi: l'homme est une certaine espece, chose essentiellement une, a
laquelle adviennent certaines formes, et elles font Socrate. Cette
meme espece ou chose est de la meme maniere _informee_ par les
formes qui font Platon et les autres individus de l'espece homme. Il
n'y a pas en Socrate, hormis ces formes _informant_ cette matiere
pour faire Socrate, quelque chose qui ne soit en meme temps
_informe_ en Platon par les formes de P
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