sellement. Mais
ils ne tiendront pas la, car la-dessus precisement, sur l'universel
et le singulier, l'autorite les contredit: aucun universel n'est
singulier et aucun singulier n'est universel. Boece, en parlant de
cette division: "La substance est ou universelle gu singuliere,"
dit dans son commentaire sur les Categories: "Il ne se peut que
l'accident prenne la nature de la substance, ni la substance celle
de l'accident... ni la particularite, ni l'universalite ne passent
l'une dans l'autre, car l'universalite peut etre affirmee de
la particularite, comme animal de Socrate ou de Platon, et la
particularite accepte l'attribution d'universalite, mais non en
sorte que l'universalite devienne particularite, ni que ce qui
est particulier devienne universalite[52]." _Universalite_ et
_particularite_, ces noms sont pris pour l'universel et le
particulier, les exemples nous l'apprennent, temoin celui d'animal
et de Socrate. A ceci, rien ne peut etre oppose de raisonnable.
[Note 52: Boeth., _In Proedic_., t. I, p. 120.]
"Cependant ils ne se tiennent point tranquilles et ils disent:
Aucun singulier, en tant que singulier, n'est universel, et
reciproquement; mais quand il est universel, le singulier est
universel, et reciproquement." Contre cela, voici les paroles que je
dis. _Aucun singulier en tant que singulier_ parait avoir ce sens:
aucun singulier demeurant singulier n'est universel demeurant
universel; ce qui est consequemment faux, car Socrate demeurant
Socrate est homme demeurant homme. La proposition pourrait encore
avoir ce sens: ce qui est le singulier ou la singularite ne confere
a aucun singulier d'etre universel, ou bien elle enleve a l'homme
singulier l'universalite; ce qui est completement faux entre Socrate
et l'homme, car en Socrate ce qui est Socrate implique l'homme et
n'interdit a aucun singulier d'etre quelque chose d'universel,
puisque, suivant eux, tout singulier est universel.
"De meme, s'ils disent: Socrate, en tant qu'il est Socrate,
c'est-a-dire dans toute la propriete qui lui vaut d'etre designe par
le nom de Socrate, n'est pas l'homme en tant qu'homme, c'est-a-dire
en toute cette propriete que designent ces mots _c'est un homme_;
voila qui est encore faux, car Socrate designe l'homme socratique,
et en lui l'homme ou ce que signifie le nom d'_homme_.
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