ou telle parure,
puisqu'il ne les connaissait meme pas.
Obligee de trouver instantanement une forte somme, c'etait sur la vente
de quelques-uns de ces bijoux qu'elle comptait.
C'etait la une cruelle extremite, et a la pensee d'entrer dans
un magasin, elle, la comtesse d'Unieres, pour vendre des pierres
precieuses, le rouge lui montait aux joues; mais elle n'avait pas le
choix des moyens, et coute que coute, il fallait qu'elle prit le seul
qu'elle trouvait, sans se laisser arreter par la honte et par la peur
des commentaires qu'elle allait provoquer.
Rentree chez elle, elle ouvrit le coffret ou etaient serres ces bijoux,
et elle chercha ceux qu'elle pouvait prendre, c'est-a-dire ceux qui,
par leurs pierreries, avaient une valeur marchande; elle s'arreta a une
broche en rubis et en diamants, a un noeud avec deux glands et a un
bouquet de corsage. Combien tout cela valait-il? Elle n'en savait
trop rien. Une assez grosse somme, croyait-elle, mais sans pouvoir la
preciser. Alors, de peur que ce qu'elle en obtiendrait fut au-dessous de
ce qu'elle voulait, elle y ajouta une boucle de ceinture.
Puis, tassant le tout dans un journal, de maniere a n'avoir pas a porter
un trop gros paquet, ce qui eut provoque l'attention, elle remonta en
voiture et se fit conduire chez Marche et Chabert, les grands bijoutiers
de la rue de la Paix, a qui elle avait plus d'une fois achete des
bijoux pour cadeaux, et qui devaient, croyait-elle, l'accueillir
convenablement. Sans doute elle eut prefere s'adresser a des marchands
qui ne l'eussent pas connue; mais, a ces marchands, elle aurait du
donner son nom pour qu'on la payat, et dans ces conditions mieux valait
encore avoir affaire a Marche et Chabert, qui avaient une reputation
d'honnetete.
Quand sa voiture s'arreta devant le magasin, un commis, qui avait
reconnu la livree, se hata de venir au-devant d'elle, tandis qu'un autre
prenait des mains du valet de pied le paquet de bijoux.
Elle demanda a parler a l'un des maitres de la maison, et presque
aussitot M. Chabert arriva, souriant et respectueux, empresse de
se mettre a la disposition de sa noble cliente; comme c'etait en
particulier qu'elle desirait l'entretenir, il la fit passer dans son
cabinet dont il referma la porte; alors elle exposa franchement sa
demande.
Ayant besoin d'une certaine somme pour un emploi secret, elle desirait
vendre des pierreries qui ne lui servaient a rien.
Le bijoutier examina ces pierreries et decla
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