tin, il ouvrit son courrier avec plus de hate que de
coutume; il s'y trouvait une lettre du prince:
"Mercredi soir, 10 heures.
"Monsieur,
"J'aurai l'honneur de me rendre demain au rendez-vous que vous
m'indiquez, et je vous serai reconnaissant de vouloir bien m'attendre.
"Agreez l'expression de mes sentiments de consideration.
"Prince AMOUROFF."
A deux heures, Nicetas, que la curiosite rendait exact, entrait dans le
cabinet du notaire, prepare a une discussion serree sur les propositions
que celui-ci allait lui transmettre de la part de la comtesse et du
comte d'Unieres aussi sans doute: il s'agissait de ne pas se laisser
entortiller par la vieille momie.
Debout, une main appuyee sur le bras de son fauteuil, l'autre sur son
bureau, le notaire etait si froid, si raide, si impassible, qu'on
pouvait le prendre en effet pour une momie.
--Lorsque vous vous etes presente dans mon etude, dit-il, vous saviez,
n'est-ce pas, que j'etais le notaire de madame la comtesse et de M. le
comte d'Unieres ainsi que de la jeune Claude?
--Je le savais; c'est precisement pour cela que je me suis adresse a
vous.
--Cette franchise est de bon augure, elle facilitera notre entretien,
car je ne serai pas moins franc que vous, et vous dirai tout de suite
que, notaire de M. et madame d'Unieres ainsi que cette jeune fille, mon
devoir etait de prendre leur defense.
--Leur defense? je ne comprends pas.
--Je vais m'expliquer: vous m'avez dit, n'est-ce pas, que vous desiriez
reconnaitre la petite Claude, qui serait votre fille et celle de madame
d'Unieres?
--Qui est.
--C'est, avant tout, ce que vous devez prouver en produisant l'acte de
naissance de l'enfant d'abord, et ensuite les pieces qui peuvent etablir
un commencement de preuve par ecrit exige par la loi pour poursuivre les
recherches de la maternite. Vous avez ces pieces?
Nicetas ne put pas ne pas laisser paraitre un certain embarras:
--Je les produirai plus tard.
--Quand?
--Lorsqu'il sera necessaire.
--Mais il est necessaire, car si vous ne faites pas cette production, on
pourrait croire que c'est parce qu'elle vous est impossible, ces pieces
n'etant pas en votre possession.
--Que m'importe ce qu'on croit ou ne croit pas?
--Il importe beaucoup dans l'espece, car des la qu'on croit que vous
n'avez pas ces pieces, on peut etre amene a supposer: 1 deg. que vous n'etes
pas le pere de l'enfant que vous voulez reconnaitre; 2 deg. que madame
d'Unieres n
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