s si
madame d'Unieres restera la femme entouree d'estime et de respect que
vous dites; et nous verrons si vous avez eu raison de vouloir la guerre
quand, de mon cote, je demandais que la paix.
--Encore un mot, le dernier: quand on se prepare a la guerre, il ne faut
pas donner d'armes a ses adversaires...
Il prit sur son bureau la lettre de Nicetas et la lui montrant:
--... Et pour commencer on ne leur livre pas des pieces qui vous placent
sous le coup de certains articles du code penal pour usurpation de nom
et de titre. J'ai dit. Vous reflechirez.
Cette fois le notaire ne se leva pas de son fauteuil, et n'adressa pas
la moindre inclinaison de tete a Nicetas qui sortit furieux.
Positivement il avait ete abasourdi par cette vieille momie en cravate
blanche, au parler calme et doux qui prenait ses arguments dans la loi,
comme un chirurgien ses couteaux et ses scalpels dans sa trousse. Que
repondre a un homme qui a chaque instant vous parle de la loi et du
code? Il ne la connaissait pas, lui, cette loi qu'on lui jetait dans les
jambes a chaque pas: avec lui on avait beau jeu, colin-maillard,
aux yeux bandes, il ne pouvait que s'arreter quand on lui criait
"casse-cou".
Voyant son ignorance, le notaire avait voulu l'intimider; et s'il se
trouvait du vrai dans tout ce qu'il lui avait dit, il devait s'y trouver
une bonne part de faux.
Comment s'y reconnaitre? La etait l'embarras pour lui, mais non le
decouragement, car pour etre battu d'un cote il ne renoncerait pas a
la lutte; toutes les arguties, toutes les roueries du notaire et des
avocats ne feraient pas que Claude ne fut pas sa fille.
Il n'avait qu'a consulter Caffie; sans doute il lui en coutait de
laisser voir au crocodile qu'il ne pouvait rien sans lui, mais ce
n'etait pas l'heure de marchander.
Malheureusement Caffie n'etait pas chez lui; il serait probablement
retenu dans le Midi pendant cinq ou six jours encore par une affaire
importante, dit le clerc.
Une affaire importante! Y en avait-il donc d'autre que la sienne?
Decidement, sa mauvaise chance le poursuivait.
XIII
Les menaces de Nicetas avaient emu le notaire.
Assurement cette attitude hautaine et provocante n'etait pas du tout
celle d'un resigne.
Il n'avait rien a perdre a intenter un proces, cet aventurier, et il
pouvait esperer qu'il y gagnerait quelque chose.
Il fallait l'en empecher et, puisque le langage de la sage raison avait
echoue, recourir a des moyens plus ener
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