c de la decision et de l'energie, toutes ses
maladresses pouvaient se reparer. Pour cela, il n'avait qu'a prendre
Claude. Il n'etait plus le pauvre diable sans le sou que deux mois
auparavant la _Normandie_ debarquait au Havre: il disposerait de plus de
trois cent mille francs qui lui permettraient de soutenir gaillardement
la lutte contre la comtesse, le notaire et le prefet de police; au
bout, il faudrait bien ceder; alors, il imposerait ses conditions et ne
rendrait l'enfant que donnant-donnant; elle valait bien deux millions,
cette petite.
Mais pour que cette combinaison, a laquelle il avait deja pense plus
d'une fois, reussit, il ne fallait pas perdre de temps, car le notaire,
conseille par le prefet de police, qui avait devine qu'un homme qu'on
expulse ne reste pas la ou on le conduit, voudrait faire mettre Claude a
l'abri d'un coup de main, et alors tout serait perdu, les deux millions
et le reste, les choses en etaient arrivees a un point ou le proces en
reconnaissance serait une folie.
Jusqu'a la frontiere il n'avait consulte son indicateur que pour
trouver des trains de Mons a Charleroi et de Charleroi a Givet, car une
surveillance devant etre, sans aucun doute, organisee contre lui a la
gare du Nord, il n'allait pas etre assez naif pour rentrer a Paris par
la; ce serait par celle de l'Est qu'il rentrerait en prenant le train
a Givet. Debarrasse de son agent a Quievrain, il put, sans eveiller de
soupcons, etudier la marche des trains de Givet a Paris en passant par
Epernay et il vit qu'il pouvait arriver le lendemain avant cinq heures.
Comment admettre qu'on eut pris si vite des precautions pour qu'il ne
put pas aborder Claude? Si on l'attendait, ce ne serait assurement pas
aussitot.
Dans ses precedents voyages a Chambrais, il avait eu le temps de
s'informer des habitudes de Claude: il savait qu'elle restait la plus
grande partie de la journee chez Dagomer et que c'etait de quatre a cinq
heures qu'elle venait travailler chez lady Cappadoce; il n'avait donc
qu'a se trouver sur son passage a l'aller ou au retour, et a lui
donner rendez-vous a la nuit tombante, dans un endroit desert ou il
l'attendrait avec une voiture. Il faudrait qu'il fut vraiment bien
maladroit s'il ne la decidait pas a venir avec lui pour "voir son pere";
une fois en route, on ne les rattraperait pas, il saurait l'amadouer.
A l'accent avec lequel elle s'etait ecriee: "Ou sont mes parents?" il
savait a l'avance qu'avec ces deux mots i
|