eut pu l'adresser a personne: elle allait donc savoir.
--Parfaitement, repondit le notaire, on peut reconnaitre qui on veut,
meme un enfant qui ne vous est rien, mais qu'on a interet a faire sien,
par une reconnaissance passee devant un officier de l'etat civil,
c'est-a-dire un maire, ou devant un notaire. Ainsi la petite Claude
etant une riche heritiere, vous sentez qu'il peut devenir productif
d'etre son pere, sinon en ce moment puisqu'elle ne jouit pas de ses
revenus, au moins pour le jour de sa majorite ou de sa mort.
--Et personne ne peut empecher cette reconnaissance?
--La prevenir, non; arreter ses effets, oui. Ainsi, au cas ou cette
reconnaissance aurait lieu, le conseil de famille pourrait la contester,
si reellement le prince n'est pas le pere de l'enfant. Nous aurions
alors a prouver l'impossibilite et l'invraisemblance d'une paternite
mensongere et frauduleuse, invoquee dans un but de lucre; tandis que de
son cote le pretendu pere aurait a faire la preuve du bien fonde de
sa pretention. Ce serait donc un proces avec tout ce qui s'ensuit,
publicite, enquete ordonnee probablement par le tribunal et, comme
complication, le scandale autour du nom de la mere qu'on aurait
fait inserer dans l'acte de reconnaissance, en vue de rechercher la
maternite.
C'etait une porte qu'il ouvrait a la comtesse. Qu'elle lui demandat si
le nom de la mere avait ete donne, pour etre insere dans l'acte, il
repondrait franchement. Qu'elle ne dit rien, de son cote il n'ajouterait
rien.
Elle ne lui fit aucune question, alors il continua:
--Vous comprenez, madame, que dans de pareilles conditions je ne pouvais
pas recevoir la reconnaissance du prince Amouroff, sans avant tout
soumettre sa pretention a ceux qui s'interessent a l'enfant; de la ma
visite.
Cette fois, il n'avait plus qu'a attendre, ayant dit tout ce qui etait
possible sans preciser et sans aller trop loin; a elle de repondre si
elle le voulait et comme elle le voudrait.
Il y eut un temps de silence assez long, embarrassant pour lui, terrible
pour Ghislaine.
Enfin elle se decida:
--Ne me disiez-vous pas qu'on ne pouvait pas prevenir la reconnaissance?
--Cela depend; si celui qui veut reconnaitre l'enfant est sincere, s'il
est reellement ou s'il se croit le pere, il est difficile d'empecher la
reconnaissance; mais s'il ne cherche qu'une speculation visant l'enfant
ou la mere, il y a a considerer s'il ne serait pas opportun de
s'entendre avec lui.
Sur
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