a chambre;
couchee, il s'asseyait sur une chaise basse aupres de son lit, elle
tournait la tete de son cote, il lui prenait la main dans les siennes et
ils causaient longuement, se disant l'un l'autre ce que les exigences
du monde ne leur avaient pas permis de se communiquer dans la soiree:
douces confidences qui se prolongeaient tard souvent, car apres avoir
commence par les autres, ils en arrivaient bien vite a eux memes, et
alors ils n'en finissaient plus.--Va-t'en, disait-elle.--Quand tu
dormiras.--Je dormirai quand tu seras parti.--Je partirai quand tu
dormiras. Parfois sous son regard, sa main dans les siennes, elle
s'endormait. Et comme elle ne se levait jamais sans qu'il fut entre dans
sa chambre, il arrivait quelquefois que le lendemain, en ouvrant les
yeux, elle trouvait ceux de son mari attaches sur elle, comme s'il avait
passe toute la nuit pres d'elle a la regarder dormir.
Mais ce soir-la, il ne vint pas tout de suite prendre sa chaise basse.
--Est-ce que ces lettres contiennent des choses graves? demanda-t-elle
apres avoir attendu un moment.
--Des ennuis.
--Quels ennuis?
--Comme toujours, des demandes qu'il est impossible de satisfaire.
C'etait une reponse, mais elle n'etait pas suffisante pour expliquer
cette preoccupation subite: pendant le diner et la soiree, elle avait a
chaque instant rencontre ses regards pleins d'une tendre fierte qui la
suivaient, et voila que tout a coup, alors qu'ils etaient libres, il
s'enfermait dans cette attitude etrange. Qu'avait-il donc, et pourquoi
ce brusque changement?
Il vint cependant s'asseoir aupres d'elle, mais au lieu d'une causerie
affectueuse et abandonnee ou celui qui parlait exprimait les idees de
l'autre en meme temps que les siennes propres, ils ne s'entretinrent que
de choses banales, et au bout de peu de temps il la quitta pour rentrer
chez lui. A peine avait-il ferme la porte qu'elle descendit doucement
de son lit, et allant a la table, guidee par la faible lumiere de la
veilleuse, elle mit le collier dans l'ecrin, un peu a tatons, mais avec
precaution pour ne pas faire de bruit.
Une fois seul, le comte avait tache de reflechir et de se retrouver;
mais dans sa tete troublee, aucune reponse n'arretait les questions qui
s'y heurtaient les unes contre les autres, et toujours il revenait a la
meme conclusion qui etait que les perles vraies ne peuvent pas s'ecraser
ainsi.
Ce qui les compliquait et les rendait pour lui tout a fait mysterieuse
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