it des collines basses, dont les terres sont
cultivees et ou, ca et la, de petits villages jettent les points
brillants de leurs lumieres; bientot nous atteignons la vallee de
Tirana, ou coule l'Ismi; des rideaux d'arbres coupent a chaque pas
l'horizon et, comme on m'a dit que Tirana etait presque invisible
derriere la barriere de ses chataigniers centenaires, je crois a chaque
instant toucher a la ville que quelque lumiere semble decouvrir; mais ce
ne sont que fermes defendues contre les vents du nord par les branches
serrees des grands arbres; dans la fraicheur de la nuit, nous accelerons
le pas des betes et enfin, vers onze heures et demie, nous atteignons
une des portes de la ville; notre caravane fait un bruit extreme dans la
cite endormie; sur le pave inegal, nos chevaux trebuchent et font
resonner leurs pas et les bagages dont ils sont charges; quelques ombres
passent encore, quelques silhouettes se montrent aux fenetres, et de-ci,
de-la, une lumiere jette sa clarte par la porte d'une maison ou par les
volets mal joints; le consul d'Italie, avec une extreme obligeance, m'a
prevenu qu'il me donnerait l'hospitalite, mais ce n'est point besogne
aisee que de trouver sa maison de campagne; pour se tirer d'embarras,
les gens de mon escorte frappent au Han ou auberge de l'endroit, se font
ouvrir et designer la demeure; et c'est ainsi, apres avoir circule par
toutes les rues de Tirana, que vers minuit nous arrivons au consulat
italien.
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En verite, Tirana merite bien sa reputation, et je sais peu de petites
villes si pleines de tableaux gracieux; tout le matin, nous suivons ses
rues et leurs detours; le consul d'Italie, avec son cawas et mon
drogman, m'accompagne et me conduit d'abord a la grande mosquee; au
premier plan, s'etend une large place grossierement pavee que traversent
quelques ruisselets; sur les cotes, des maisons basses cachent sous
leurs portiques des etalages; au fond, sur un terre-plein, la mosquee
avance ses cinq porches que domine a peine la blancheur de son dome; a
droite, le minaret pique le ciel de son aiguille et, sur la gauche,
separee de la mosquee de quelques metres seulement, une tour de ville,
comme un beffroi de nos vieilles cites, dresse a quinze metres de
hauteur son horloge et ses cloches.
Nous nous eloignons un peu du centre de la ville; des murs bas et
quelques palissades separent le chemin d'un grand champ inculte ou
poussent a leur gre toute
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