ndes", commandes par deux officiers
a cheval; habilles de toile kaki impermeable, bien chausses, marchant
d'un pas elastique et en bel ordre, le peloton a vraiment bon air; il
presente l'aspect d'hommes entrames, conduits par des officiers qui les
tiennent en main.
Entre Monastir et Krchevo, nous traversons cinq ou six villages et
plusieurs petits hameaux; deux d'entre eux sont turcs, les autres sont
bulgares, aucun n'est albanais; les montagnards albanais n'ont pas
atteint cette partie de pays. A Dolintzy (Dolenci sur la carte
autrichienne), nous faisons une balte un peu prolongee: partout on
moissonne, toute la population est sur pied; les hommes chargent les
gerbes sur des chariots et les apportent dans le village; des paysannes
bulgares, noircies par le soleil, les traits vigoureux, dures au
travail, les etendent dans la cour, puis les font pietiner par un cheval
qui tourne en rond autour d'un piquet; tout ce pays est grand producteur
de ble et presque partout la terre est cultivee, mais seulement pres de
la route et des villages; la montagne est inculte, quelques maigres
broussailles y poussent, et les bois memes y sont rares.
L'insecurite empeche toute culture un peu loin dans l'interieur des
terres. Les paysans de Krchevo, par exemple, soutiennent qu'ils ne
peuvent, sans risques, travailler les champs et mener paitre leurs
bestiaux dans la montagne du cote de Dibra: Dibra n'est qu'a douze
heures de Krchevo, et les Albanais de la vallee de Dibra viennent,
disent-ils, razzier le betail et les recoltes. Or, les cultivateurs dans
cette region sont generalement de petits proprietaires; il n'y a pas ou
il y a tres peu de grands domaines ou tchiflick avec fermiers; ces
paysans travaillent l'etendue de terre qu'ils possedent et ont
generalement pour toute richesse une plus ou moins grande quantite de
betail, surtout de boeufs; si, pour tirer profit des prairies naturelles
de la montagne, ils risquent de se faire voler leurs betes, ils
preferent y renoncer.
Apres avoir franchi a 1100 metres environ une chaine de collines, nous
redescendons rapidement vers Krchevo, situe au fond d'une assez large
vallee, a 500 metres plus bas. Nous avons quitte Monastir avant le lever
du soleil et nous atteignons Krchevo comme ses derniers rayons
illuminent les premieres maisons du bourg; un des souvarys de mon
escorte s'est porte en avant pour annoncer mon arrivee, et devant le
presbytere orthodoxe bulgare, l'econome Terpo Popfsky,
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