eures passees a la
tekie des Becktachi.
CHAPITRE VI
D'EL-BASSAM AU LAC D'OKRIDA
Le depart d'El-Bassam || Babia Han || Kouks et le pont sur le
Scoumbi || La chaumiere du paysan et son hospitalite || De
Prienze au lac d'Okrida || Les paysans du centre de l'Albanie:
beys et tenanciers || Petits proprietaires libres || Leurs
rapports avec le pouvoir.
Pour gagner le lac d'Okrida, il faut compter d'El-Bassam environ
dix-huit heures de cheval; on remonte l'etroite vallee du Scoumbi et
celle d'un de ses affluents, et pendant tout le parcours on rencontre a
peine quatre ou cinq petits villages et quelques rares fermes isolees.
Nous sommes deja le 5 septembre; les pluies d'automne vont commencer
dans la montagne et nous ne saurions passer la nuit en plein air; aussi
ai-je decide de franchir en un jour ce territoire inhospitalier; a deux
heures du matin, dans la cour de la demeure de Derwisch bey, les chevaux
sont selles et l'escorte attend. La nuit est fraiche et claire. La route
est facile, elle suit le fond de la vallee, qui monte lentement et sert
journellement a atteindre les terres qui des deux cotes de la rive sont
partout cultivees; l'aurore ne tarde pas a eclairer les sommets; les
contreforts rocheux des montagnes du sud se teintent de rose; peu a peu
la lumiere descend les pentes; le froid se fait plus vif au fond de la
vallee, nous poussons nos chevaux au trot, et quand nous parvenons au
pont sur le Scoumbi, il est plein jour.
En cet endroit le sentier ne suit plus le fleuve dans le coude allonge
qu'il fait vers le nord, mais traverse la chaine a flanc de montagne;
nous nous elevons sur une pente rocheuse ou les schistes apparaissent en
larges trainees; dans la broussaille et dans les pierres les chevaux
cherchent leur passage, et tout en bas nous apercevons le ruban clair de
l'eau dont les meandres se detachent sur le feuillage sombre des fonds;
le long de son cours on apercoit un campement, des tentes et des
ouvriers qui travaillent a la construction d'une route; on m'apprend que
ce sont des soldats revoltes du 23 avril, les "reactionnaires", a qui on
a inflige comme punition la charge d'etablir la chaussee dans la gorge
entre El-Bassam et Kouks.
A sept heures, nous avons atteint le sommet de notre route et un
mechant han, dit Babia Han, est le lieu traditionnel de repos apres une
dure montee. Quelques Albanais y sejournent pendant la belle saison et
offrent un peu de p
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